REVUE
DE L'HISTOIRE
DE LA LICORNE,

Par un Naturaliste de Montpellier.

A MONTPELLIER,

De l'Impr. de J.-G. Tournel, Place Louis XVI, n.º 57.
Chez DURVILLE, Libraire à la Grand'rue.

A PARIS,

Chez GOUJON, Libraire, rue du Bac, n.º 33.

1818.


[Pg 3]

REVUE

DE L'HISTOIRE

DE LA LICORNE.


A MONSIEUR ***.

Lorsque vous me demandâtes dernièrementce que je pensais de la licorne, vous voulûtesbien me laisser le loisir de faire quelques recherchesà ce sujet, pour appuyer une négation,qui parut vous surprendre d'abord:j'espère aujourd'hui vous convaincre que lalicorne est un être de raison. Vous verrezpar-là combien il est nécessaire de faire detemps en temps la revue de ce que les anciensnous ont appris en histoire naturelle,pour être assurés si nous pouvons embrasserleurs opinions ou les infirmer par nos observations.En prenant la licorne, par exemple,[Pg 4]pour objet de nos réflexions, la première quise présente est celle-ci:

Est-il probable que tant d'auteurs qui noussont connus eussent pris la peine d'écrire surun objet aussi contesté, si l'un d'eux seulementavait prouvé sans réplique que la licornen'existe pas, ou si un seul avait égalementprouvé par le fait qu'elle existe: il n'yaurait eu plus rien à dire. Mais jusqu'ici lapreuve est aussi incertaine que la négative.Tâchons à notre tour, au milieu de tant d'obscurité,de démêler le vrai d'avec le faux.

Le premier qui ait imaginé de tracer l'histoirede la licorne, est, au rapport de Pline,Ctesias, historien et médecin grec qui vivait400 ans avant Jésus-Christ: il est cité parAristote comme un auteur de peu de crédit.Ce n'est donc pas la peine de remonter siloin pour ne trouver qu'une fiction si souventrejetée.

Philostrate, écrivain de beaucoup de chosesplaisantes, s'est aussi amusé à embellir l'histoirede la licorne. C'est d'après de telles autoritésque d'autres auteurs plus graves ontparlé d'un animal qui leur était inconnu,chacun ajoutant de son chef quelque chosed'extraordinaire pour rendre cette histoireplus merveilleuse.

[Pg 5]

Pline, dans le XXI.e chapitre du VIII.e livrede son histoire naturelle a englobé le peuqu'il avait à dire des licornes, avec ce qu'ilavait à rapporter des lynx, des sphinx, deschevaux aîlés, des crocottes, des bœufs desIndes, des leo-crocottes[1], des éales, destaureaux d'Ethiopie, des mantikhores, descatolèpes, etc.; il y a peu à compter sur toutce qu'il en dit sur la foi de voyageurs peuéclairés. Tel est le récit de Pline: «Les Indiensdonnent aussi la chasse à une bête férocetrès-dangereuse, qui est le monoceros, c'est-à-direqui n'a qu'une corne. Son corps ressembleà celui du cheval, sa tête à celle ducerf, ses pieds à ceux de l'éléphant, sa queueà celle du sanglier. Son mugissement est d'unton grave. Il lui sort du milieu du front uneseule corne de deux coudées d'éminence. Ilsassurent qu'on ne peut prendre cette bêteen vie».

[1] Autre animal d'imagination, que l'on a cru provenirde l'accouplement de la licorne avec l'hyène. C'estun échantillon de la fiction de quelques autres animaux.

Les éditeurs français de Pline, qui ontajouté de notes, souven

...

BU KİTABI OKUMAK İÇİN ÜYE OLUN VEYA GİRİŞ YAPIN!


Sitemize Üyelik ÜCRETSİZDİR!