LETTRES
PORTUGAISES

Publiées sur l’édition originale
AVEC UNE NOTICE PRÉLIMINAIRE
PAR
ALEXANDRE PIEDAGNEL

PARIS
LIBRAIRIE DES BIBLIOPHILES
Rue Saint-Honoré, 338

M DCCC LXXVI

TIRAGE A PETIT NOMBRE

Il a été fait un tirage spécial de :

30 exemplaires sur papier de Chine (Nos 1 à 30).
30
— 
sur papier Whatman (Nos 31 à 60).
—   
60 exemplaires, numérotés.

NOTICE
SUR LA RELIGIEUSE PORTUGAISE

Vers 1663, il entra dans la politiquede Louis XIV de secourir le Portugalcontre l’Espagne, mais il lesecourut indirectement ; on fournitsous main des subsides, on favorisa des levées,une foule de volontaires y coururent. Entre cettepetite armée, commandée par Schomberg, et lapauvre armée espagnole qui lui disputait le terrain,il y eut là, chaque été, bien des marches et descontre-marches et peu de résultats, bien des escarmoucheset des petits combats, parmi lesquels,je crois, une victoire. Qui donc s’en soucie aujourd’hui ?Mais le lecteur curieux qui ne veutque son charme ne peut s’empêcher de dire quetout cela a été bon, puisque les Lettres de laReligieuse portugaise en devaient naître[1]. »

[1] Sainte-Beuve, Notice sur Mlle Aïssé.


Cette guerre, qui dura jusqu’en 1668, et danslaquelle triompha le Portugal, est, en effet, bienoubliée ! Les Lettres portugaises, au contraire, onteu depuis lors vingt éditions, et leur grand succès nesemble point épuisé. Évidemment, cela tient surtoutà l’accent de sincérité de l’auteur. La pauvre religieusede Beja a peint avec tant de chaleur, avecune émotion si communicative, l’état de son cœurblessé, ses défaillances, ses espoirs éphémères, sapassion persistante, ses déceptions nombreuseset si cruelles, ses colères si légitimes, que l’on relitvolontiers une correspondance dont les pages, ardenteset touchantes à la fois, restent jeunes parcequ’elles sont absolument vraies.

Ce qui augmente encore le charme des lettresde Marianna Alcaforado, c’est que l’on reconnaîtsans peine qu’elles ne furent pas écrites envue d’une publication. Oh, non ! ces élans, cestristesses, ces aveux, ces plaintes amères, n’ontrien d’apprêté. Ce sont les cris d’une âme loyaleet tendre, et le lecteur s’intéresse bien vite à tantd’amour mêlé à tant de désespoirs !


Quelques lignes suffiront pour résumer le drameintime qui a donné lieu aux Lettres portugaises.

En 1661, Noël Bouton de Chamilly, comte deSaint-Léger (plus tard marquis de Chamilly),prit du service en Portugal. Il était alors âgé devingt-cinq ans[2]. — A la même époque, un couventde la ville de Beja, dans la province d’Alentejo,abritait la religieuse franciscaine dont lejeune capitaine français devait, hélas ! troubler sipro

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