Note sur la transcription: Les erreurs clairement introduites par le typographe ont été corrigées.L'orthographe d'origine a été conservée et n'a pas été harmonisée.Les numéros des pages blanches n'ont pas été repris.

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LE MARIAGE
DE
GABRIELLE

LE MARIAGE
DE
GABRIELLE

PAR
DANIEL LESUEUR
OUVRAGE COURONNÉ PAR L'ACADÉMIE FRANÇAISE

NOUVELLE ÉDITION

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PARIS
CALMANN LÉVY, ÉDITEUR
ANCIENNE MAISON MICHEL LÉVY FRÈRES
3, RUE AUBER, 3


1897
Droits de reproduction et de traduction réservés

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LE
MARIAGE DE GABRIELLE

I

Huit heures du matin: c'était bien tôt pour se présenterchez le jeune comte René de Laverdie! Levalet de chambre fut tout surpris d'entendre résonnerla sonnette de l'appartement à une heure aussi matinale.Lorsqu'il eut ouvert, son étonnement ne diminuapoint. Il reconnut l'ami le plus intime de son maître,le vicomte Alphonse de Linières, mais aussitôt il remarquasur les traits du visiteur l'expression d'unevive inquiétude.

—Le comte est chez lui? C'est bien. Est-il levé?L'avez-vous vu?

—Non, monsieur. Mais aujourd'hui je dois réveiller 4M. le comte. Il est à peu près l'heure que M. le comtem'a indiquée, et si monsieur désirait...

—Restez, restez, François. C'est moi qui le réveillerai.

Et, en homme qui connaissait bien la maison et s'yconsidérait comme chez lui, Alphonse de Linièrestraversa vivement l'antichambre et le salon, allantdroit à la porte de la chambre à coucher. Mais, arrivélà, il s'arrêta. Sa main toucha le bouton, puis s'abaissa,indécise et tremblante.

Il songeait au dernier débris de la fortune de sonami, englouti cette nuit même au jeu.

On lui avait raconté presque légèrement cette perteénorme de soixante-dix mille francs. On n'avait vu làqu'une nouvelle folie du comte René, une mésaventureà laquelle il ne penserait plus le lendemain.Mais lui, Alphonse, il avait aussitôt deviné que c'étaitun coup de désespoir, un appel suprême à la chance,à laquelle, sans doute, s'était fié le malheureux quivoulait sauver son honneur, toutes les joies de sa vie,sa vie même peut-être.

Aussi, tandis qu'il se tenait, indécis, devant laporte fermée, son imagination lui peignait d'effrayantesimages. Il voyait René en face de ces cartes maudites,riant avec l'angoisse au cœur; mais surtout il croyait 5l'apercevoir, là, derrière ce mur, à deux pas de lui,étendu, livide, avec le trou noir d'une balle de pistoletdans la tempe.

Il était glacé, il étouffait et restait là, n'osant ouvrir.Puis, soudain, il tourna le bouton de cristal etpoussa la porte en frémissant. Son regard, qui parcourutla chambre, rendu plus rapide et plus puissantpar une indicible anxiété, en une seconde embrassatout: les moindres détails, si familiers,

...

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