[LA SAN-FELICE 7/9]

EMMA
LYONNA

PAR
ALEXANDRE DUMAS

III

PARIS
CALMANN LÉVY, ÉDITEUR
ANCIENNE MAISON MICHEL LÉVY FRÈRES
RUE AUBER, 3, ET BOULEVARD DES ITALIENS, 15
A LA LIBRAIRIE NOUVELLE

1876
Droits de reproduction et de traduction réservés

A propos de cette version électronique.

La San-Felice fut publiée en 9 volumes chez Michel Lévy, Paris,1864-1865. Elle fut plus tard republiée chez Calmann Lévy, Paris, 1876,en 4 volumes sous le titre La San-Felice, suivis de 5 volumes sousle titre d'Emma Lyonna, le chapitre 78 «Justice de Dieu» étantrénuméroté le chapitre 1 d'Emma Lyonna.

Faute de disposer des volumes 7 à 9 de l'édition de 1864-1865, on atranscrit la fin de l'œuvre sur l'édition de 1876. Le présent volume 3d'Emma Lyonna commence à la suite du tome 6 de La San-Felice,le chapitre 43 «Aigle et vautour» portant le numéro 120 dans l'éditionen 9 volumes.

XLIII
AIGLE ET VAUTOUR

Ce qui rendait Championnet si rebelle à l'endroitdu citoyen Faypoult et de la mission dont il étaitchargé de la part du Directoire, c'est qu'au momentoù il avait pris le commandement de l'armée deRome, il avait vu le misérable état où était réduitela vieille capitale du monde, exténuée par les contributionset les avances de tout genre. Il avait alorsrecherché les causes de cette misère, et il avaitreconnu qu'il fallait l'attribuer aux agents directoriauxqui, sous différents noms, s'étaient établis dansla ville éternelle, et qui, au milieu d'un luxe insolent,laissaient le reste de cette belle armée sans pain,sans habits, sans souliers, sans solde.

Championnet avait aussitôt écrit au Directoire:

«Citoyens directeurs,

»Les ressources de la république romaine sontdéjà épuisées: des fripons ont tout englouti. Ils veillentavec des yeux avides pour s'emparer du peu quireste. Ces sangsues de la patrie se cachent soustoutes les formes; mais, sans crainte d'être désavouépar vous, je ne souffrirai pas que ces spoliateurs impunisenvahissent les ressources de l'armée. Je feraidisparaître ces horribles harpies qui dévorent le solconquis par nos sacrifices.»

Puis il avait rassemblé ses troupes, et leur avaitdit:

—Braves camarades, vous ressentez de grandsbesoins, je le sais. Attendez quelques jours encore,et le règne des dilapidateurs sera fini; les vainqueursde l'Europe ne seront plus exposés à ce triste abaissementde la misère qui humilie des fronts que lagloire environne.

Ou Championnet était bien imprudent, ou il connaissaitbien mal les hommes auxquels il s'adressait.Poursuivre les dilapidateurs, c'était s'attaqueraux directeurs eux-mêmes, attendu que la commission,fondation nouvelle, investie par les directeursde ses pouvoirs, n'avait à rendre compte desa gestion qu'au Directoire. Ainsi, pour donnerune idée de la remise qui devait être faite par luiaux cinq majestés du Luxembourg, nous nous contenteronsde dire qu'il était alloué au caissierpercepteur un droit de trois centimes par franc surles contributions; ce qui, sur soixante millions, parexemple, faisait, pour la part de cet employé,complétement étranger aux dangers de la guerre,une somme d'un million huit cent mille francs,quand nos généraux touchaient douze ou quinzemille francs par an, si toutefois ils les touchaient.

Ce qui préoccupait aussi fortement le Directoire,dont quelques membres

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