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ÉMILE ZOLA,
Sa Vie—Son Œuvre

par

EDMOND LEPELLETIER

[Illustration: ÉMILE ZOLA, PORTRAIT EN HÉLIOGRAVURE D'APRÈS LIEURÉ]

PARIS, MERCURE DE FRANCE, XXVI, RUE DE CONDÉ.

1908

Paris 27 nov. 87

Mon cher Lepelletier,

Merci mille fois de votre article, qui me fait grand plaisir, car ilcomprend et il explique au moins. Mais que de choses j'aurais à vousrépondre, à vous qui êtes un ami! Il y a de la vigne à la lisière dela Beauce, les vignobles de Montigny, près desquels j'ai placé Rogues,sont superbes. Tous les noms que j'ai employés sauf celui de Rogues,sont beaucerons. Il n'est pas vrai que la fatigue soit contraire àVénus: demander aux physiologistes. Si vous croyez que les paysans nereproduisent que le dimanche et le lundi, je vous dirai d'y aller voir.La lutte politique dans les villages n'est point aussi âpre, ouvertement,que vous le pensez: tout s'y passe en manœuvres sourdes. Mes Charlessont copiés sur nature; et puis, c'est vrai, eux et Jésus-Christ sont lafantaisie du livre. Est-ce qu'à l'ironie de la phrase vous n'avez pascompris que je me moquais?

La vérité est que l'œuvre est déjà trop touffue, et qu'il y manquepourtant beaucoup de choses. C'est un danger de vouloir tout mettre,d'autant plus qu'on ne met jamais tout. Du reste, c'est là l'arrière-plan,car mon premier plan n'est fait que des Fouan, de Françoise et de Lise:la terre, l'amour, l'argent.

Merci encore, et bien cordialement à vous.

Émile Zola

* * * * *

Entre Émile Zola et l'auteur de cette étude, durant de longues années,existèrent des liens d'amitié. Les circonstances firent de l'un et del'autre, non des ennemis, mais des antagonistes. Ils combattirent, chacunpour ce qu'il estimait juste, en des camps opposés. Dans la bataillelittéraire, ils demeurèrent d'accord.

Les Lettres sont à côté des besognes politiques, et l'Art est au-dessus del'esprit de parti. On peut, on doit rendre hommage à un grand écrivain,même lorsque, à un moment de sa vie, contre vous, contre vos convictions,il tourna sa plume.

Les partisans de l'empire, Napoléon III étant encore sur le trône,s'inclinaient devant le génie de Victor Hugo. Ils n'acceptaient assurémentpas tout de son œuvre, et tout dans sa vie ne leur plaisait pas. Ilsnégligeaient Napoléon le Petit pour relire les Feuilles d'Automne, etleur légitime admiration pour la Légende des Siècles ne leur imposaitpas l'approbation pour les violences des Châtiments envers le souverainqu'ils aimaient et le régime qu'ils défendaient.

Sous le prétexte qu'il fut aussi l'auteur du pamphlet J'accuse, il estabsurde, et plus d'un, par la suite, en rougira, de nier la maîtrise del'historien des Rougon-Macquart.

Il est, sans doute, regrettable que les enthousiasmes officiels et lesacclamations populaires, celles-ci ignorantes, ceux-là factices, se soientsurtout adressés au défenseur inattendu d'un accusé exceptionnel. C'est lepeintre, au coloris vigoureux, des êtres et des choses de notre société,l'annaliste de nos mœurs et le clinicien de nos passions, de nos tares,qui avait seul droit à la glo

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