Notes au lecteur de ce ficher digital:
Seules les erreurs clairement introduites par le typographe ont été corrigées.

NOUVELLE BIBLIOTHÈQUE LITTÉRAIRE

JULES LEMAÎTRE
DE L'ACADÉMIE FRANÇAISE

LES CONTEMPORAINS

ÉTUDES ET PORTRAITS LITTÉRAIRES

CINQUIÈME SÉRIE

Guy de MaupassantAndré TheurietMarcel PrévostPaul MargueritteGilbert Augustin-ThierryÉdouard RodStéphane MallarméStanleyGuillaume IIDom PedroRenanBillets du matin

Paris
ANCIENNE LIBRAIRIE FURNE
BOIVIN & Cie, ÉDITEURS
3 et 5, rue Palatine (VIe)
Tout droit de traduction et de reproduction réservé

(p. 001) LES CONTEMPORAINS

GUY DE MAUPASSANT[1]

Je vous jure que ce n'est pas pour le vain plaisir de vous conter mespetites affaires. Mais ce que j'ai à vous confier, on en peut tirerune morale: vous y verrez à quelles préventions involontaires on estexposé, même quand on travaille continuellement (comme je vous affirmeque je fais) à se maintenir l'esprit aussi libre que possible.

Laissez-moi donc vous dire l'histoire de mes impressions surMaupassant, et quand et comment je le lus pour la première fois.

J'allais voir de temps en temps Gustave Flaubert à Croisset (c'étaiten 1880). Il paraît que j'y rencontrai (p. 002) Maupassant un jour,au moment où il repartait pour Paris. Maupassant l'affirme. Moi, je nesais plus, ayant la mémoire la plus capricieuse du monde. Mais je mesouviens nettement que Flaubert me parla avec enthousiasme de sonjeune ami et qu'il me lut, de sa voix tonitruante, une pièce quifigura, quelques mois après, dans le premier volume de Maupassant:Des vers. C'était l'histoire de deux amants qui se séparent, aprèsune dernière promenade à la campagne; lui brutal, elle désespérée etmuette. Je trouvai que ce n'était pas mal: la méfiance que m'inspiraitl'admiration débordante du vieux Flaubert m'empêcha de voir quec'était même très bien.

Maupassant était alors employé au ministère de l'instruction publique.C'est là qu'un jour je lui fis visite de la part de son grand ami. Ilfut très simple et très doux (je ne l'ai jamais vu autrement). Mais ilse portait très bien, un peu haut en couleur, l'air d'un robustebourgeois campagnard. J'étais bête; j'avais des idées sur le physiquedes artistes. Puis, à cette époque déjà, Maupassant n'éprouvait aucunplaisir à parler littérature. Je me dis: «Voilà un très brave garçon,»et je m'en tins là dans mon jugement.

Un an après, j'étais à Alger. Maupassant vint me voir, accompagné deHarry Alis (l'auteur de Petite ville et de ces fines et originalesétudes: Quelques fous). Maupassant continuait à avoir très bonnemine. Les Soirées de Médan venaient de paraître, mais je (p. 003)ne les avais pas lues, la douceur du ciel et la délicieuse paresse duclimat ayant glissé en moi une certaine incuriosité des chosesimprimées. Quelqu'un m'avait dit que Boule de suif était drôle: celam'avait suffi. Néanmoins, j'interrogeai poliment M

...

BU KİTABI OKUMAK İÇİN ÜYE OLUN VEYA GİRİŞ YAPIN!


Sitemize Üyelik ÜCRETSİZDİR!