
Ce numéro contient L'ILLUSTRATION THÉÂTRALE
avec le texte complet deL'ARMATURE.


La comtesse Tornielli. M. Loubet. Mme Loubet. Edouard VII. Le comteTornielli.
LE DINER A L'ÉLYSÉE EN L'HONNEUR DU ROI D'ANGLETERRE
Entrée du roi, du président et du cortège des invités dans la grandesalle des Fêtes, où la table était dressée.Voir l'article, page 29.
Chaque fois que s'ouvre à Paris un Salon d'art, un peintre de mes amis,qui sait mon goût pour les «images», m'envoie le petit carton rose, ouvert, ou jaune, ou bleu qui confère à quelques milliers de «privilégiés»le droit de venir admirer ou dénigrer, au fur et à mesure qu'elles'exhibe quelque part, la peinture fraîche... Je viens de tirer duchiffonnier où ils s'accumulaient depuis sept mois--depuis le Salond'automne--ces petits cartons de toutes couleurs, souvenirs de tant depromenades en rond, le long des cimaises, qui amusèrent mes après-midid'hiver, et je suis effarée de la quantité folle de toile et de châssisque cela représente... Expositions de sociétés, expositions de cercles,expositions nationales et internationales, expositions féministes etd'employés de chemins de fer, expositions d'arts «indépendants»,expositions d'oeuvres particulières où Jean montre ses paysages, Jacquesses animaux, Pierre ses portraits, Madeleine ses fleurs; en tout, unetrentaine de salons à visiter. Et ce n'était là qu'un commencement, unefaçon de nous mettre en appétit; les petits salons, ce sont leszakouskis que l'on déguste sans s'asseoir, en attendant le repassérieux où l'on se nourrira pour tout de bon... Nous voilà servis. Lesdeux Salons--les vrais!--nous ont ouvert leurs portes; et ce ne sontpoint des salons, c'est un palais tout entier que, cette fois, lapeinture illumine et fleurit...
On lui reproche même, à cette occasion, de tenir chez nous un peu tropde place. L'empressement de curiosité qu'elle provoque, l'abondance etla véhémence des commentaires qu'elle suscite, agacent quelquesécrivains qui souhaiteraient qu'on s'occupât un peu moins de ceux quifont des tableaux et un peu plus de ceux qui font des livres. Je ne suispas de leur avis; je trouve que le grand éclat donné à ces fêtesannuelles est, pour le peintre, la juste réparation des misères de sonétat.
Car on ne réfléchit pas que, sans les expositions, il n'y aurait rien deplus malaisé, pour les hommes dont le métier est de peindre destableaux, que de conquérir un peu de gloire. Une belle statue, un beaumonument sont des oeuvres autour desquelles la foule va et vient et dontles mérites s'offrent continuellement d'eux-mêmes à tous les yeux; unchef-d'oeuvre dramatique, un bel opéra sont des choses qui circulent,peuvent, sur cent points à la fois, dans le même moment, solliciter nosadmirations et les satisfaire; un bon livre s'étale, se multiplie enmilliers d'exemplaires dont chacun va éveiller à domicile une curiosité,remuer une conscience, conquérir à son auteur une sympathie; et celaaussi longtemps que durent les raisons qu'on peut avoir de lire ce livreet de l'aimer.
Où vont les oeuvres du peintre? On ne sait p