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ŒUVRES

DE

VICTOR HUGO.


XXIV.


REPRÉSENTÉ POUR LA PREMIÈRE FOIS

LE 8 NOVEMBRE 1838,

POUR L’OUVERTURE DU THÉÂTRE DE LA RENAISSANCE.

IMP. DE HAUMAN ET Ce.—DELTOMBE, GÉRANT.
Rue du Nord, no 8.


RUY BLAS,

DRAME

Par Victor Hugo.

Ornement

BRUXELLES.

SOCIÉTÉ BELGE DE LIBRAIRIE.

HAUMAN ET COMPe.

1839


[p. i]

PRÉFACE.

Trois espèces de spectateurs composent ce qu’on est convenud’appeler le public: premièrement, les femmes; deuxièmement, lespenseurs; troisièmement, la foule proprement dite. Ce que la fouledemande presque exclusivement à l’œuvre dramatique, c’est de l’action;ce que les femmes y veulent avant tout, c’est de la passion; ce qu’ycherchent plus spécialement les penseurs, ce sont des caractères. Sil’on étudie attentivement ces trois classes de spectateurs, voicice qu’on remarque: la foule est tellement amoureuse de l’actionqu’au besoin elle fait bon marché des caractères et des passions[1]. Lesfemmes,[p. ii] que l’actionintéresse d’ailleurs, sont si absorbées par les développements de lapassion, qu’elles se préoccupent peu du dessin des caractères; quantaux penseurs, ils ont un tel goût de voir des caractères, c’est-à-dire,des hommes vivre sur la scène, que, tout en accueillant volontiersla passion comme incident naturel dans l’œuvre dramatique, ils enviennent presque à y être importunés par l’action. Cela tient à ceque la foule demande surtout au théâtre des sensations; la femme,des émotions; le penseur, des méditations: tous veulent un plaisir,mais ceux-ci, le plaisir des yeux; celles-là, le plaisir du cœur; lesderniers, le plaisir de l’esprit. De là, sur notre scène, trois espècesd’œuvres bien distinctes, l’une vulgaire et inférieure, les deuxautres illustres et supérieures, mais qui, toutes les trois, satisfontun besoin: le mélodrame pour la foule; pour les femmes, la tragédiequi analyse la passion; pour les penseurs, la comédie qui peintl’humanité.

[1]C’est-à-dire du style; car, si l’action peut, dans beaucoup de cas,s’exprimer par l’action même, les passions et les caractères, àtrès-peu d’exceptions près, ne s’expriment que par la parole. Or, laparole au théâtre, la parole fixée et non flottante, c’est le style.

Que le personnage parle comme il doit parler, sibiconstet, dit Horace. Tout est là.

Disons-le en passant, nous ne prétendons rien ét

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