Avecq privilege de la court.
1545.
A PARIS.
De l'Imprimerie de Jeanne de Marnef, vefvede feu Denys Janot, demourant en la rueneufve nostre Dame, à l'enseigne sainctJean Baptiste.
La Court (veue la requeste à ellepresentée par Vincent Sertenas,marchant, libraire de ceste ville deParis) luy a permis & permet imprimer& faire imprimer ung livre par luyrecouvert, & composé par Loys Meigret,touchant l'escriture Françoyse: & iceluy exposer& distribuer en vente le temps de quatreans prochainement venant. Defendant àtous imprimeurs, libraires & aultres de ceressort, iceluy livre imprimer ou faire imprimer,ou exposer en vente ledict temps, sur peinede confiscation desditz livres, qui aultrementseroient imprimez & distribuez, &d'amende arbitraire à la discretion de la court.Faict en Parlement l'unzeiesme jour d'Octobre,l'an mil cinq cens quarante deux.
Collation faicte. Berruyer.
Si l'ordre, & la raison que nous tenonsen noz euvres, est de tant dignede los, ou de blasme, que l'experiencemaistresse de toutes chosesle conferme, ou condemne: je ne voy pointde moyen suffisant ny raisonnable excuse, pourconserver la façon que nous avons d'escrire enla langue Françoyse. A la verité aussi est elletrop estrange, & diverse de la prononciacion,tant par une curieuse superfluité de letres, quepar une vicieuse confusion de puissance entreelles. Or sont ce vices, que je ne sçay quelle supersticion,ou bien nonchallance de noz ancestres,& de nous, a miz en avant avec unegrande observance: je dy observance, qui a esté& est en si bonne recommandation, & reverencetant bien gardée, que le devoir, &loix de bien escrire, & former l'Image auvray de la prononciacion, n'ont pas seulementesté delaissées, mais d'avantage reprouvéescomme vicieuses, & inutiles. Et combien quela difficulté que nous sentons en la letre nousen donne assez bonne evidence: pas ung de noustoutesfois n'a osé mettre en avant quelquemoyen pour y remedier: tant pour la longue& commune façon de faire, que pour la craintede sembler controuver nouvelles invencions,& de forger nouveaux troubles à ungpeuple en ses coustumes tant usitées, & de silongue main receues: & qui au demourantnous sont si recommandées en toutes nozœuures, que bien souvent sans autre cognoissancede cause, & sans en vouloir recevoir,nous les tenons par trop opiniatrement pourloix, & ordonnances justes, & necessaires.Il est vray que l'entreprinse de forcer, &corrumpre les bonnes coustumes, & aiséesfaçons de vivre d'ung peuple pour l'assubjectirà autres confuses, supersticieuses, & serviles,seroit digne de reprehension & blasme:comme qui est poursuivie au grand dommagede l'aisance, & commun proufit d'une chosepublique. Au contraire aussi devra celle estretrouvée raisonnable, ou pour le moins dignede quelque support, là ou elle fera diligencede trouver les moyens pour amender les manieresde vivre corrompues, & pour d'avantagey donner l'ordre si suffisant qu'on s'enpuisse ayder, & les ramener à quelque bonnefin. Or n'est il comme je pense, Françoys tant soitil de petit jugement, & de grande affectionen nostre usage d'escrire, qui ne se treuve souventperplex, & empesché en la lecture:d'autant que pour la confusion &a