PETITE COLLECTION “SCRIPTA BREVIA”
LAURENT TAILHADE
PARIS
BIBLIOTHÈQUE INTERNATIONALE D'ÉDITION
E. SANSOT et Cie
7, RUE DE L'ÉPERON, 7.
1908
BIBLIOTHÈQUE E. SANSOT & Cie, PARIS
AULECTEUR BÉNÉVOLEL'AUTEUR ET LES ÉDITEURSAVECLEUR SOUHAITQUEDE CET OUVRAGELUI ADVIENNENTGRAND AGRÉMENTETBON PROFIT
EX-LIBRIS
Il a été tiré de cet ouvrage:
Huit exemplaires sur japon impérialnumérotés de 1 à 8, et 15 exemplaires surhollande, numérotés de 9 à 23.
No
A
M. ALIN CAILLAS
AU COLLABORATEUR
ET A L'AMI
L. T.
Paris, le 21 Juin 1908.
Le bachelier qui, frais émouludes études classiques, arrive auxchamps et n'a, pour cultiver l'apierde son domaine, d'autre enseignementque les prescriptions des Géorgiques,s'expose à la même disgrâceque le pasteur de Tempé. Il risquefort de voir, comme Aristaeus, lesmouches qu'il possède fondre plusvite que la neige au mois d'avril.
Non que Virgile, observateur attendriet minutieux, ait omis, dansce noble poème, quelque chose desleçons qu'un apiculteur informépouvait donner aux hommes de sontemps. Mais l'élevage des abeilless'est transformé, a subi de telles etsi ingénieuses modifications; il a,depuis un quart de siècle, renouveléses méthodes avec un tel espritscientifique et des procédés à la foissi commodes et si pertinents, quela doctrine des vieux sages sembleenfantine et pédantesque au regarddes travaux dont s'honorent lesmodernes apiculteurs.
Néanmoins, la demeure, le sitedes ruches, les plantes dont il fautles entourer, les ennemis qu'ellesredoutent: lézard, guêpe, mésangeet Procné, dont la poitrine
y sont déduits avec une certitudejudicieuse; tous les conseils qu'ildonne sur ce point ont gardéleur valeur intégrale. Mais lesruches ne sont plus tressées de vîmesflexibles ou d'écorces enchevêtrées;on ne détruit plus les essaims pouracquérir leur miel. Aux procédésbarbares on a substitué des moyensefficaces et doux qui permettentd'enlever aux abeilles le superflude leurs trésors, tout en leur faisantla vie plus confortable et mieuxgardée.
Trois siècles après Virgile, Ambroise,évêque de Milan, écrivit,dans le 5e livre de son Hexaméron,un traité des abeilles et de leurmerveilleuse complexion.
Là, sont enregistrés avec une complaisanceque rien ne fait broncherles contes à dormir debout émis parl'antiquité au sujet des abeilles.
Quiconque a effleuré les étudesclassiques est familiarisé avec le 4echant des Géorgiques. Les cancreseux-mêmes, au cours de leurs études,ont effleuré, sinon dans letexte, au moins dans les pâles traductionsdes sorbonagres, l'épisodesublime d'Aristée, ces vers d'uneincomparable harmonie et d'uncharme si profond qui donn