ANDRÉ GIDE
(4me édition)
ÉDITIONS DE LA
NOUVELLE REVUE FRANÇAISE
35 & 37, RUE MADAME, PARIS
1913
DU MÊME AUTEUR
ont paru au MERCURE DE FRANCE | |
LES CAHIERS D’ANDRÉ WALTER | épuisé |
LES POÉSIES D’ANDRÉ WALTER | épuisé |
LE VOYAGE D’URIEN, suivi de PALUDES (nouvelle édition) | 1 vol. |
LES NOURRITURES TERRESTRES | 1 vol. |
LE ROI CANDAULE, suivi de SAÜL (nouvelle édition) | 1 vol. |
LE PROMÉTHÉE MAL ENCHAINÉ | 1 vol. |
L’IMMORALISTE, récit | 1 vol. |
LA PORTE ÉTROITE, récit | 1 vol. |
PRÉTEXTES | 1 vol. |
NOUVEAUX PRÉTEXTES | 1 vol. |
ÉDITIONS DE LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE | |
ISABELLE, récit | 1 vol. |
LE RETOUR DE L’ENFANT PRODIGUE | 1 vol. |
TRADUCTION | |
RABINDRANATH TAGORE : L’Offrande Lyrique (Gitanjali) | 1 vol. |
IL A ÉTÉ TIRÉ DE CE VOLUME
70 EXEMPLAIRES NUMÉROTÉS SUR VERGÉ D’ARCHES
(TEXTE INTÉGRAL RÉTABLI)
DONT 20 HORS COMMERCE (A à T)
A JACQUES RIVIÈRE
De tout temps les tribunaux ont exercé sur moi unefascination irrésistible. En voyage, quatre choses surtoutm’attirent dans une ville : le jardin public, le marché, lecimetière et le Palais de Justice.
Mais à présent je sais par expérience que c’est unetout autre chose d’écouter rendre la justice, ou d’aiderà la rendre soi-même. Quand on est parmi le public onpeut y croire encore. Assis sur le banc des jurés, on seredit la parole du Christ : Ne jugez point.
Et certes je ne me persuade point qu’une société puissese passer de tribunaux et de juges ; mais à quel point lajustice humaine est chose douteuse et précaire, c’est ceque, durant douze jours, j’ai pu sentir jusqu’à l’angoisse.C’est ce qu’il apparaîtra peut-être encore un peu dansces notes.
Pourtant je tiens à dire ici, d’abord, pour tempérerquelque peu les critiques qui transparaissent dans mesrécits, que ce qui m’a peut-être le plus frappé au coursde ces séances, c’est la conscience avec laquelle chacun,tant juges qu’avocats et jurés, s’acquittait de ses fonctions.J’ai vraiment admiré, à plus d’une reprise, la présenced’esprit du Président et sa connaissance de chaque affaire ;l’urgence de ses interrogatoires ; la fermeté et la modérationde l’accusation ; la densité des plaidoiries, et l’absence devaine éloquence ; enfin l’attention des jurés. Tout celapassait mon espérance, je l’avoue ; mais rendait d’autantplus affreux certains grincements de la machine.
Sans doute quelques réformes