L'Illustration, No. 3278, 23 Décembre 1905
Suppléments de ce numéro:
1° L'ILLUSTRATION THEATRALE contenant laGrande Famille, par Arquilliere,
2° Le 5e fascicule du roman de J.-H. Rosny: la Toison d'or.
M. ROUVIER A LA TRIBUNE DE LA CHAMBRE, LE 16 DÉCEMBRE
Leministre des Affaires étrangères lit sa Déclaration sur les affairesmarocaines, se terminant par cette phrase: «... Fidèle à une alliancerestée hors de toute atteinte, à des amitiés précieuses exemptes detoute arrière-pensée, désireuse d'entretenir avec tous des relationscourtoises, et même réciproquement confiantes, la France, sûred'elle-même, gardant la conscience de la noblesse de son histoire et deses destinées, ne vise, nous l'affirmons hautement, qu'à sauvegarder sesdroits, ses intérêts et le plein exercice de sa liberté.»--Voirl'article, page 420.
... Et les revoilà! Brusquement, en quelques heures, elles ont reparu,les frêles baraques du nouvel an, bien alignées, de la Madeleine à laBastille, et toujours telles que se les rappelle ma mémoire d'enfant.Les baraques du nouvel an n'ont pas changé. Elles ne changeront jamais.Une sorte de tradition sacrée les défend contre les caprices de la mode.Elles sont, une fois par an--dans l'immuable simplicité de leurarchitecture--quelque chose de la physionomie de Paris; naïvement, ellesexpriment un peu de sa vie et de sa joie. Un an déjà! Il me semble quec'est hier que, redevenue Parisienne au moment où s'ouvrait l'annéeneuve, je les ai vues se vider de leurs richesses, se disloquer toutd'un coup, s'éparpiller sur les voitures à bras qui emportaient je nesais où, pour douze mois, leurs maigres carcasses démolies. Et, denouveau, c'est elles! Elles n'ont pas l'air d'avoir vieilli d'un an. Jeles retrouve aussi pimpantes, aussi joyeusement encombrantes quetoujours, entourées du même tapage et d'aussi ardentes curiosités.
On dirait que, du jour au lendemain, toute l'attention de Paris s'estconcentrée sur elles; et quels mystères, en effet, vont-elles nousrévéler? Car elles ont des mystères à nous révéler, cela est sûr. Leurscarcasses de bois sont les boîtes à surprises d'où va sortir latrouvaille imprévue: le bibelot «bien parisien», l'ustensile ingénieuxqui fait la joie des ménages et, enfin, le «jouet de l'année».
Délicieux soucis qui, pour un temps trop court, effacent tous lesautres. A partir d'aujourd'hui, il n'y a plus d'élection présidentielle,il n'y a plus de Livre jaune, il n'y a plus rien. Il y a les petitesbaraques; et, autour d'elles, il y a les magasins à la mode, où la fouleélégante ne commencera à s'écraser sérieusement que dans quelques jours,et les étalages de librairie devant lesquels s'attroupent,concupiscents, les écoliers. Je m'y suis attardée aussi cette semaine,plusieurs fois, et avec plaisir. Assurément nos éditeurs sont enprogrès. Ils commencent à s'apercevoir qu'un «livre d'étrennes» ne doitpas forcément consister en quelque historiette puérile, dorée surtranches, et présentée à l'enfant sous la parure voyante d'une reliureécarlate à bon marché. Sans doute il y a encore beaucoup de cettepacotil