DE LA
DÉMOCRATIE
EN AMÉRIQUE.
PARIS.—IMPRIMERIE CLAYE ET TAILLEFER
RUE SAINT-BENOÎT, 7.
DE LA
DÉMOCRATIE
EN AMÉRIQUE
DOUZIÈME ÉDITION
REVUE, CORRIGÉE
et augmentée d'un Avertissement et d'un Examen comparatif de laDémocratie
aux États-Unis et en Suisse.
TOME DEUXIÈME.
PARIS
PAGNERRE, ÉDITEUR
RUE DE SEINE, 14 BIS.
1848
(p. 001) DE LA
DÉMOCRATIE
EN AMÉRIQUE.
Jusqu'à présent j'ai examiné les institutions, j'ai parcouru les loisécrites, j'ai peint les formes actuelles de la société politique auxÉtats-Unis.
Mais, au-dessus de toutes les institutions et en dehors de toutes lesformes, réside un pouvoir souverain, celui du peuple, qui les détruit oules modifie à son gré.
Il me reste à faire connaître par quelles voies procède ce pouvoir,dominateur des lois; quels sont ses instincts, ses passions; quelsressorts secrets le poussent, le retardent, ou le dirigent dans samarche irrésistible; quel effet produit sa toute-puissance, et quelavenir lui est réservé.[Retour à la Table des Matières]
CHAPITRE I.
COMMENT ON PEUT DIRE RIGOUREUSEMENT QU'AUX ÉTATS-UNIS C'EST LE PEUPLEQUI GOUVERNE.
En Amérique, le peuple nomme celui qui fait la loi et celui quil'exécute; lui-même forme le jury qui punit les infractions à la loi.Non seulement les institutions sont démocratiques dans leur principe,mais (p. 002) encore dans tous leurs développements; ainsi le peuplenomme directement ses représentants et les choisit en général tousles ans, afin de les tenir plus complétement dans sa dépendance. C'estdonc réellement le peuple qui dirige, et quoique la forme dugouvernement soit représentative, il est évident que les opinions, lespréjugés, les intérêts, et même les passions du peuple, ne peuventtrouver d'obstacles durables qui les empêchent de se produire dans ladirection journalière de la société.
Aux États-Unis, comme dans tous les pays où le peuple règne, c'est lamajorité qui gouverne au nom du peuple.
Cette majorité se compose principalement des citoyens paisibles, qui,soit par goût, soit par intérêt, désirent sincèrement le bien du pays.Autour d'eux s'agitent sans cesse les partis, qui cherchent à lesattirer dans leur sein et à s'en faire un appui.[Retour à la Table des Matières]
(p. 003) CHAPITRE II.
DES PARTIS AUX ÉTATS-UNIS.
Il faut faire une grande division entre les partis. — Partis qui sont entre eux comme des nations rivales. — Partis proprement dits. — Différence entre les grands et les petits partis. — Dans quels temps ils naissent. — Leurs divers caractères. — L'Amérique a eu de grands partis. — Elle n'en a plus. — Fédéralistes. — Républicains. — Défaite des fédéralistes. — Difficulté de créer aux États-Unis des partis. — Ce qu'on fait pour y parvenir. — Caractère aristocratique ou démocratique qui se retrouve dans tous les partis. — Lutte du général Jackson contre la banque.
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