Note sur la transcription: Les erreurs clairement introduites par le typographe ont été corrigées.L'orthographe d'origine a été conservée et n'a pas été harmonisée.Les numéros des pages blanches n'ont pas été repris.
PAR
ÉMILE CORRA
(Extrait de la Revue Positiviste Internationale)
PARIS
Au Siège de la Société Positiviste Internationale
2, rue Antoine-Dubois, 2
Près l'École de Médecine.
1908
Le Muséum d'histoire naturelle de Paris inaugurera,dans le mois de novembre prochain, le monument élevé,par souscription universelle, à la mémoire de Lamarck,sur l'initiative de M. Edmond Perrier, l'illustre directeurde cet établissement, un de ses plus fervents disciplesactuels.
L'une des premières, la Société positiviste internationalea souscrit à ce monument; elle ne manquera pas dese faire représenter à son érection; mais elle témoigneraitbien faiblement son admiration pour le grandhomme qui en est l'objet et dont les idées géniales exercentune si féconde influence sur tous les aspects de lapensée contemporaine, en se bornant à la manifestersous la double forme que je viens d'indiquer.
C'est pourquoi j'ai le dessein d'associer plus catégoriquementle Positivisme à la glorification tardive deLamarck, en consacrant à son œuvre grandiose uneétude spéciale, à laquelle je préluderai en donnant, sursa personne et sur sa vie, quelques renseignementsindispensables.
Lamarck naquit en Picardie, à Bazentin, près dePéronne, en août 1744. C'était le onzième enfant d'ungentilhomme campagnard, fort embarrassé d'assurer une 4carrière honorable à chacun des membres de sa nombreuselignée, et qui fit élever celui-ci chez les Jésuitesd'Amiens, dans l'espoir qu'il consentirait à embrasserl'état ecclésiastique, dernière ressource de tous les cadetsde famille de cette époque; mais Lamarck n'avait aucungoût pour la cléricature. Son père étant mort, en 1760, ils'affranchit sur-le-champ du collège, et, sans autre viatiquequ'une lettre de recommandation pour le coloneldu régiment de Beaujolais, que lui avait remise unechâtelaine, voisine de la seigneurie de Bazentin, il rejoignit,en Hanovre, l'armée du maréchal de Broglie, quiopérait alors, dans ce pays, contre le roi de Prusse,Frédéric II.
Le colonel du régiment de Beaujolais hésitait beaucoup,paraît-il, à incorporer cet enfant de seize ans, d'une constitutionchétive qui lui donnait une apparence plus juvénileencore; mais, dans une bataille, consécutive à l'arrivéede Lamarck à l'armée, le 16 juillet 1761, ce soldatvolontaire se conduisit avec une bravoure et une fermetételles qu'on le promut immédiatement officier.
Lamarck était, en effet, doué de qualités de caractèreexceptionnelles; celles dont il fit preuve, en cette occurrence,le distinguèrent pendant toute la durée de sa vie;elles ne l'abandonnèrent même pas dans la plus extrêmevieillesse, et ne furent pas étrangères aux résultats de seslongues et difficiles étud