PIERRE MILLE

LE DIABLE
AU SAHARA

ALBIN MICHEL, ÉDITEUR
PARIS, 22, RUE HUYGHENS, 22, PARIS

DU MÊME AUTEUR

Chez Calmann-Lévy :

Sur la Vaste Terre ; Barnavaux et quelques Femmes ; LaBiche écrasée ; Caillou et Tili ; Louise et Barnavaux ; LeMonarque ; Sous leur Dictée ; Nasr’Eddine et son Épouse ;Trois Femmes.

Chez P.-V. Stock :

Paraboles et Diversions (1913).

Chez Flammarion :

La Nuit d’Amour sur la Montagne.

Chez G. Crès :

En Croupe de Bellone ; Le Bol de Chine ; Mémoires d’un Dadabesogneux.

Chez J. Férenczi :

Histoires exotiques et merveilleuses ; L’Ange du Bizarre(1921) ; Myrrhine, Courtisane et Martyre (1922).

Chez Albin Michel :

La Détresse des Harpagons ;L’Illustre Partonneau.

Aux Éditions de France :

La Femme et l’Homme nu, en collaboration avec A. Demaison.

IL A ÉTÉ TIRÉ DE CET OUVRAGE

75 EXEMPLAIRES SUR PAPIER DEHOLLANDE NUMÉROTÉS A LAPRESSE DE 1 A 75

125 EXEMPLAIRES SUR VERGÉPUR FIL VINCENT MONTGOLFIERNUMÉROTÉS A LA PRESSE DE 1 A 125

Droits de traduction et de reproduction réservés pour tous pays.
Copyright 1925 by Albin Michel.

LE DIABLE AU SAHARA

LE DIABLE AU SAHARA

Ceci est encore une histoire, la dernière histoirepeut-être, de mon ami Barnavaux, quela guerre m’a tué. Mais, avant de la conter,ne faut-il pas que j’explique ?…

Voici deux siècles déjà que Philippe d’Orléans,régent de France, se plaignait d’avoirdépensé vingt mille écus pour voir le diable etde ne l’avoir point vu. Mon regret est pareil.On dirait que, dans cette misérable demeurequi est mon corps, ma sensibilité et ma raisonhabitent deux étages différents, et qu’il n’y apas, qu’il n’y aura jamais d’escalier. Je ne saisquoi, tout au fond de moi-même, de fabuleusementantique, venu d’ancêtres oubliés, sauvages,frémissants, intelligents et ignorants,cherchant à comprendre l’immense mystèredu monde et ne sachant même pas qu’ilsavaient un cerveau — pensant, si je puis dire,comme des bêtes qui auraient une manière degénie — je ne sais quoi de barbare, de rétrogradeet d’inquiétant voudrait me persuaderque l’univers est peuplé d’ombres, de forcespuissantes, conscientes, malicieuses ou bienveillantes ;que les morts vivent, près de moi,d’une autre vie, que mes songes nocturnes sontvrais, d’une vérité magique et magnifique, draguantmes yeux fermés vers un avenir obscur ;que le mal, le bien sont des êtres, des satans oudes dieux, aux mains amicales ou funestes, auvisage accueillant ou sinistre… Là-dessus, maraison interroge, suppute, analyse, et ne trouverien ! Rien que fraude, mensonge, hypothèse,doute, doute, encore doute. Je ne puis plusgarder qu’une curiosité, que dis-je, une perversitélittéraire, et quelque autre chose quin’est peut-être qu’un

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