LES AMOURS
DU CHEVALIER
DE FAUBLAS

[Vignette: NON BENE QUI SEMPER AMAT]

TOME CINQUIÈME

PARIS, M DCCC LXXXIV

LES AMOURS
DU CHEVALIER
DE FAUBLAS

PAR
LOUVET DE COUVRAY

AVEC UNE
PRÉFACE PAR HIPPOLYTE FOURNIER

Dessins de Paul Avril
GRAVÉS A L'EAU-FORTE PAR MONZIÈS

IOVAVST

PARIS
LIBRAIRIE DES BIBLIOPHILES
Rue Saint-Honoré, 338

M DCCC LXXXIV

L'AVENTURE DE LA MONTDÉSIR

LA
FIN DES AMOURS
DU CHEVALIER
DE FAUBLAS

(SUITE)

Cependant le souvenir de Sophie mepoursuivoit sans cesse, et mille regrets,dès que j'étois seul, venoient m'assaillir:j'avouerai néanmoins que le doux espoird'embrasser bientôt mon Éléonore, et peut-êtreaussi, car le moyen de cacher à mes confians lecteursla moitié de mes sentimens, peut-être aussile vif désir de revoir la marquise, adoucissoient unpeu mon infortune et contribuoient à me rendredes forces. Les fréquens messages de La Fleur et deJustine m'annonçoient assez que j'étois des deuxcôtés attendu avec une impatience presque égale;mais, hélas! si jamais vous avez senti combien lespassions contrariées deviennent plus ardentes,plaignez l'amant de Mme de Lignolle et l'ami deMme de B… M. de Belcour, touché des mauxqu'il m'étoit permis d'avouer, mais insensible àmes peines secrètes, déploroit avec moi la perte deSophie et fermoit l'oreille aux plaintes mal étoufféesque m'arrachoit l'absence d'Éléonore. Malgré messollicitations indirectes, malgré les représentationsde la baronne, mon père, cette fois inexorable,s'obstinoit à ne me laisser aucun moment deliberté. Il venoit le matin s'établir dans mon appartement,et m'accompagnoit le soir à la promenade.Ce fut ainsi que ma lente convalescence fut prolongéede huit mortels jours.

Le neuvième étoit le vendredi d'avant Pâques;une superbe matinée promettoit que le dernierjour de Longchamps seroit magnifique. Mme deFonrose, qui vint dîner avec nous, proposa la promenadeau bois de Boulogne. «Nous emmèneronsle chevalier», dit-elle à mon père. Tropmalheureux pour rechercher les plaisirs bruyans,j'allois m'en défendre; un regard de la baronnem'avertit qu'il falloit accepter, et, M. de Belcournous ayant un instant quittés, Mme de Fonroseme fit cette confidence d'autant plus agréablequ'elle étoit moins prévue: «Elle y va parce qu'elleespère que vous y viendrez.—La comtesse?—Eh!qui donc? vous aimeriez peut-être mieux quece fût la marquise?—Non, non. La comtesse!j'aurai le bonheur de la voir!—De la voir, c'estlà tout ce que vous demandez?—Tout ce que jedemande,… oui,… puisqu'il est impossible de…—De…!interrompit-elle

...

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