Toujours de son départ il faisait les apprêts,
Prenait congé sans cesse, et ne partait jamais.
(Trad. de Prior.)
PARIS.
RIGNOUX, IMPRIMEUR-LIBRAIRE, ÉDITEUR,
RUE DES FRANCS-BOURGEOIS S. MICHEL, N° 8.
Premier voleur.
«Halte là, monsieur; jetez-nous votre bourse si vous ne voulez pas quenous vous la prenions de force.»
Sperd.
«Nous sommes perdus! ce sont les scélérats que tous les voyageurscraignent tant.»
Valentin.
«Mes amis.....»
Premier voleur.
«Ne nous appelez pas ainsi, monsieur; nous ne sommes pas vos amis, maisvos ennemis.»
Deuxième voleur.
«Paix! il faut l'écouter!...
Troisième voleur.
«Oui, par ma barbe, il faut l'écouter! c'est un homme comme il faut.»
Shakspeare, les deux Gentilshommes de Venise.
Notre gardien de pourceaux n'était pas à la fin de ses aventuresnocturnes, et il commençait en effet à s'en douter, lorsqu'après avoirtraversé la plus grande partie de la ville d'Ashby, et avoir passé prèsde quelques maisons isolées qui en formaient le faubourg, il se trouvadans un chemin creux, entre deux monticules couverts de noisetiers et debuis, entremêlés de chênes qui étendaient leurs branches sur la route,d'ailleurs très raboteuse et pleine d'ornières profondes, creusées parle roulis journalier de voitures de toute espèce, de celles surtout quiavaient récemment transporté tous les matériaux nécessaires à laconstruction des galeries élevées autour de la lice du tournoi; enfinl'obscurité était encore rendue plus grande par le feuillage et lesbranches des arbres qui interceptaient le peu de clarté que la luneaurait pu y verser dans une belle nuit d'été. Le bruit lointain desdivertissemens de la ville, celui des chants joyeux, des éclats de rirede la multitude, mariés au son des divers instrumens, tout cela, enrappelant au souvenir de Gurth cette foule de guerriers, de gens detoute condition et sans aveu, qui se trouvaient à Ashby, tintait malgrélui à son oreille, et augmentait son inquiétude et son embarras. Dans saperplexité, il se dit à lui-même: «Par le ciel et par saint Dunstan, lajuive avait raison! je voudrais être en sûreté, moi et mon trésor. Il ya ici un si grand nombre, je n'ose pas dire de voleurs, mais desoi-disant chevaliers errans, d'écuyers, de ménestrels, de jongleurs,d'archers et de vauriens affamés et vagabonds, qu'un homme ayant un marcd'argent en poche ne saurait être en pleine sécurité; à plus forteraison celui qui, comme moi, a une si énorme somme de sequins. Jevoudrais être au bout de ce chemin redouté, pour apercevoir les clercsde saint Nicolas avant qu'ils ne tombent sur les épaules.» Afind'atteindre la plaine à laquelle menait ce chemin creux, notre voyageurdoubla donc le pas; mais, dans l'endroit précisément où le bois quigarnissait les deux hauteurs était le plus fourré, le plus touffu,quatre hommes s'élancent sur lui, deux de chaque côté du chemin, et ilsle tiennent si bien serré, que tous efforts de sa part, toute résistancedeviennent inutiles.
«