ESSAIS ET PORTRAITS
J.-E. BLANCHE
PARIS
LES BIBLIOPHILES FANTAISISTES
DORBON-AINÉ
19, Boulevard Haussmann, 19
1912
Ce volume a été tiré à
cinq cents exemplaires
numérotés à la presse,
dont quinze sur japon
numérotés de 1 à 15.
SERVICE DE PRESSE
Ces portraits n’auraient jamais été réunis envolume sans l’aimable insistance de quelquesbibliophiles; écrits pour des revues, au momentque l’on jugea propice pour les faire paraître—leplus souvent à la mort de l’artiste dont j’essayaide retracer la figure—on me les demanda commeà quelqu’un qui avait connu le modèle. Si je mesuis décidé à ne pas rejeter l’offre redoutable deles rassembler aujourd’hui, c’est que j’ai livré aupublic tant de portraits «peints»—dont beaucoup,sans doute, de médiocres,—que le danger ne meparaît pas sensiblement plus grand, de lui donnerces pages. Elles auraient pu trouver place dans desmémoires que j’aimerais à rédiger, si j’en avaisjamais le loisir, tant me paraissent dignes d’êtreconservés, des souvenirs, des impressions d’annéespassées auprès de gens intéressants avec qui ilme fut réservé de vivre. Parmi ceux-ci, les unsm’ont diverti, passionné, les autres m’ont inspiréde la méfiance ou de l’antipathie; le jugementporté sur eux par le critique ou par des amis, mesembla juste en peu d’occasions, plus souventexagéré en bien ou en mal. L’amitié, les intérêts[p. 8]communs ou la haine et la jalousie faussent le senscritique. Je crois que le cœur a peu de raisons quema raison ne connaisse pas, et juger est un besoinimpérieux de mon esprit. Les liens les plus tendresde l’affection ne m’ont jamais fait changer en cela etenvers moi-même je tâche d’être juge, le plus sévèredes juges. Après des années de luttes douloureusesparfois et de quotidiennes difficultés, je jouis encoresi vivement des choses et des êtres, que je neregrette pas les coups échangés naguère. Si j’aiblessé ou étonné certains compagnons de route,j’en suis chagrin pour eux, mais je me repose surles plus judicieux—car il en est, ma foi! qui m’ontdeviné et ne m’en veulent pas.
Il faut dire ce que l’on pense:
Telle est ma conception de l’Honnêteté, à uneépoque de disputes et de troubles universels, où lesconvictions sont chancelantes, où l’on se bat sansavoir de grands principes à défendre (il n’est questionici que des artistes), par attitude, par désir des’affirmer libre, par plaisir.
De chers camarades m’ont avoué que, selon eux,un peintre ne doit pas faire «de la critique».Tout ce que je puis leur concéder, c’est que «faireun Salon BU KİTABI OKUMAK İÇİN ÜYE OLUN VEYA GİRİŞ YAPIN!
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