PARIS
ERNEST THORIN, ÉDITEUR
LIBRAIRE DU COLLÈGE DE FRANCE, DE L'ÉCOLE NORMALE SUPÉRIEUREDES ÉCOLES FRANÇAISES D'ATHÈNES ET DE ROME
7, RUE DE MÉDICIS, 7
1884
Un des documents le plus souvent cités sur la religionceltique est un passage de César, De bello gallico, où leconquérant de la Gaule raconte quels sont, suivant lui,les principaux dieux des peuples qu'il a vaincus dans cettecontrée:
«Le dieu qu'ils révèrent surtout est Mercure; sesstatues sont nombreuses. Les Gaulois le considèrentcomme l'inventeur de tous les arts, le guide dans leschemins et les voyages; ils lui attribuent une trèsgrande influence sur les gains d'argent et sur le commerce.Après lui viennent Apollon, Mars, Jupiter etMinerve. De ceux-ci ils ont presque la même opinionque les autres nations: Apollon chasse les maladies;Minerve instruit les débutants dans les arts et les métiers;Jupiter a l'empire du ciel; Mars a celui de laguerre. Quant ils ont résolu de livrer bataille, ils luiconsacrent d'avance par un vœu le butin qu'ils comptentfaire[1]...»
Si nous prenons ce texte au pied de la lettre, il paraît[Pg vi]que les Gaulois auraient eu cinq dieux presque identiquesà autant de grands dieux romains: Mercure, Apollon,Mars, Jupiter et Minerve; la différence n'aurait guèreconsisté que dans les noms. Cette doctrine semble confirméepar des inscriptions romaines, où des noms gauloissont juxtaposés comme épithètes ou par apposition auxnoms de ces dieux romains. On pourrait donner de nombreuxexemples. Nous citerons: 1° pour Mercure, les dédicacesMercurio Atusmerio[2], Genio Mercurii Alauni[3],Mercurio Touren[o][4], Visucio Mercuri[o][5], MercurioMocco[6]; 2° pour Apollon, les dédicaces Apollini Granno[7],[A]pollini Mapon[o][8], Apollini Beleno[9]; 3° pour Mars lesdédicaces Marti Toutati[10], Marti Belatucadro[11], MartiCamulo...