Au lecteur

L'ILE DU LEVANT

PAR

Paul OTLET


BRUXELLES

TYPOGRAPHIE ET LITHOGRAPHIE E. GUYOT

12, rue Pachéco, 12


1882


[Pg 3]

L'ILE DU LEVANT


INTRODUCTION

Il y a un an et demi environ mon père m'annonçait qu'ilvenait d'acheter de M. Philippart l'Ile du Levant, la dernièrede l'Archipel des îles d'Hyères, situé dans la Méditerranée.On peut juger de mon enthousiasme et de celui de mon frèreen apprenant cette nouvelle. Une île en pleine mer! aller enbateau! Etre Robinson! Mener une véritable vie d'insulaire.Que de projets on formait déjà, quel rêve que d'habiter uneîle! Avec quelle impatience nous attendions les vacances!comme nous comptions les jours qui nous en séparaient encore!

Enfin ce jour heureux arriva. Comme la pendule marchaitlentement ce jour-là! Bref, le train exprès de 7 heures 20 dusoir nous emporte avec la rapidité de l'éclair vers ces régionsbénies du ciel, vers ce paradis terrestre. A 10 heures dumatin nous étions à Marseille, et à midi un quart nous débarquionsà Toulon. Après avoir mangé un morceau au Café du[Pg 4]Commerce sur le port, nous nous embarquons dans le yachtla Nora Creina. C'est un splendide vapeur à hélice, comportant7 hommes d'équipage, filant ses 9 nœuds à l'heure ettenant la mer comme pas un. La Nora Creina a 27 mètres delongueur sur 5 de large. Elle est divisée comme suit:

Cabine du capitaine et du second.

Grand salon, office, et une cabine.

Ensuite viennent la machine et la chaufferie.

3 cabines, la cuisine et enfin le poste de l'équipage.

La Nora jauge 38 tonnes et a une machine de la force de70 chevaux. Elle cale 1 mètre 80 à l'avant et 2 mètres 30 àl'arrière. Aussitôt montés à bord, quatre hommes s'empressèrentde déraper l'ancre. Cinq minutes après nous étions enroute pour l'île du Levant. En passant devant le vaisseauamiral, le capitaine fît saluer trois fois selon l'usage, et notresalut nous fut aussitôt rendu.

Nous dépassâmes bientôt la Seyne, l'hôpital de St Mandrier,le Mourillon et arrivés à la presqu'ile de Giens nous distinguonsdéjà très bien les trois îles. Nous avions une merd'huile sur laquelle se reflétait le ciel bleu. J'en étais enthousiasmé.Il n'y avait pas 20 heures que nous étions encore àParis, sous un ciel gris, pataugeant dans la boue et enveloppédans nos grosses pelisses.

Ah, pensais-je, comment ce peut-t-il qu'il y ait des gensassez sots pour rester tout l'hiver à Paris enfermés dansleur appartement, sous un ciel brumeux, au lieu de venirpasser l'hiver dans le Midi.

Nous passons rapidement devant Porquerolles, les MèdesBogoud et Port-Cros. Enfin après 3 heures 1/2 d'une traverséemagnifique nous nous amarions à la bouée placée dansla charmante petite baie de l'Avis. La yole nous conduisitaussitôt à terre.

Toute la famille Guillon était réunie sur la plage nous[Pg 5]attendant et avertie de notre arrivée par les coups de siffletsrépétés de la Nora Creina. Après les saluts d'usage on nousconduisit par un chemin tortueux et montagneux au sommetd'une colline sur laquelle se trouve le château. On nousmontra nos chambres situées au premier et ayant vue splendidesur la mer et sur le continent. Aussitôt descendus aujardin on nous mena sur une grande terrasse devant lechâteau. Ce qui me frappa sing

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