LOUIS-FRÉDÉRIC ROUQUETTE
Roman vécu d'ALASKA
Préface d'André LICHTENBERGER
PARIS
J. FERENCZI, ÉDITEUR
9, RUE ANTOINE-CHANTIN (XIVe)
Il a été tiré de cet ouvrage:
15 exemplaires sur papier vergé pur fil
des Papeteries Lafuma,
numérotés à la presse, de 1 à 15.
Copyright by J. Ferenczi, 1921.
A TEMPEST,
chien d'Alaska,
qui à force de tendresse attentive m'a faitoublier les misères humaines…
Freddy.
Vous présenter mon ami Louis-F. Rouquette?
A quoi bon?
«… Né à Montpellier, en 1884, il y fit de complètesétudes classiques où, de bonne heure, ledémon qui le hante introduit un grain de fantaisie.Il publie à quatorze ans ses premiers vers et prononceau même âge sa première conférence, qui luivaut, outre des tonnerres d'applaudissements, uneverte correction maternelle. A vingt ans, il est àParis, pour le conquérir. Laborieuse histoire…»
Bah, je m'arrête. Tournez quelques pages. Aupremier chapitre de ce livre, voyez Freddy.
Freddy n'est pas tout Rouquette. Rouquette n'estpas tout Freddy.
Mais Freddy est sans doute:
L'écrivain a trouvé en notre vieux monde la viedure et les hommes vils. Comme le poète deMusset, mais sous des cieux autrement lointainsque ceux où se limitait notre romantisme, il a promenésa nostalgie.
Il ne s'est pas arrêté:
Il a franchi l'Océan. Et c'est dans les solitudesde l'Alaska, proches du pôle, parmi les âprescontacts de la vie farouche et brutale, qu'il a ressentidavantage les liens qui unissent l'individu àl'humanité dont il est issu et dont il ne sauraits'abstraire. Freddy, misanthrope, a dédié son livreà son chien Tempest. Celui de Rouquette s'adresseà tous les hommes, et en particulier à ceux deFrance.
L'originalité des pages qui suivent est en effetdouble.
Nous sommes en ce moment, je ne dirai pasaccablés (car je les adore), mais abondammentcomblés d'histoires d'aventures.
Au lendemain de la guerre, tandis que ses suitescontinuent de nous opprimer, notre existence étantfort incommode, nous éprouvons le besoin de nousréfugier ailleurs. La crise des transports et deschanges et l'encombrement des hôtels rendentmalaisé de voyager. Nos grands bienfaiteurs sontdonc les romanciers qui, sans nous forcer à quitternotre fauteuil, nous emmènent avec eux loin duboulevard et des autobus, hors de portée du nouveauriche et du prolétariat conscient.
Ces bienfaiteurs sont ou bien des écrivains français oudes étrangers.
A part quelques excellentes ou admirables exceptions,les écrivains français d'aventures ont souventceci de commun qu'ils n'en ont jamais eu,et n'ont jamais mis les pieds dans les pays où ilsnous promènent. Nous avons donc leur seul géniepour guide. Cela nous ménage parfois de délicieusessurprises, et offre d'autres fois quelquesinconvéni