Produced by Carlo Traverso, Renald Levesque and the Online

Distributed Proofreading Team at (Thisfile was produced from images generously made availableby the Bibliothèque nationale de France (BnF/Gallica))

SOUS LE BURNOUS

PAR
HECTOR FRANCE

                               PARIS
                   G. CHARPENTIER ET Cie ÉDITEURS
                       13, RUE DE GRENELLE, 13

1886

«Plust à Dieu que nous qui portons les armes prinsions cette coutumed'escrire ce que nous voyons et faisons; car il me semble quecela serait mieux accomodé de notre main,—j'entends du fait de laguerre,—que non pas des gens de lettres, car ils deguisent trop leschoses et cela sent trop son clerc.»

BLAISE DE MONTLUC.

SOUS LE BURNOUS

A EDMOND LEPELLETIER

Vous avez, dans le Réveil, donné une cordiale hospitalité à cessouvenirs de ma vie d'Afrique, que vos conseils m'ont engagé àrecueillir; le mérite, si mérite il y a, vous en revient à vous, quiavez aussi porté volontairement le noble harnais de guerre qu'essayentet ont de tous temps essayé de bafouer les indignes et les couards.Laissez-moi donc, mon cher ami, y inscrire votre nom et vous répétercomme à tous, les paroles de Blaise de Montluc: «Or, seigneurs etcapitaines, qui me ferez cest honneur de me lire, n'y apportez nul maltalent; croyez que j'ay dit le vray, sans dérober l'honneur d'autruy. Etsçay bien qu'il y en aura qui mettront en dispute mon escrit, pour voirsi j'auray touché quelque mensonge; si les asseuray-je que j'ay laisséinfinies particularités à escrire, car je n'avais jamais rien escrit nypensé à faire des livres… Je vous supplie, mes bons seigneurs, si monlivre tombe entre vos mains, de faire jugement si ce que je dis est vrayou faux, car vous en avez veu une partie… Plusieurs vivent, qui ontesté mes compagnons d'armes, et plusieurs aussi qui ont marché sous moy,tous lesquels peuvent estre fidèles tesmoings de ce que j'ay dit…»

HECTOR FRANCE.

I

LE VENTRE

Il était blanc et poli, un peu élastique, doux à l'oeil et au toucher,jeune et sain, un ventre de femme.

Je ne pourrais l'affirmer cependant et à vrai dire je ne m'enpréoccupais guère; mais ce dont je me souviens exactement, c'est ducouteau, parce que longtemps après je l'ai gardé accroché à l'arçon dema selle. Une bonne et solide lame large d'un demi pouce, longue de dix,effilée, légèrement recourbée vers la pointe avec une forte poignée dechêne que quelque chamelier de Flissa, artiste inconscient, avait ornéde bizarres arabesques.

Je me rappelle avoir hésité une minute, puis fermé les yeux, et alors…un jet très chaud me cingla le visage.

Je vois encore le trou béant et la lame ruisselante et il me semblaqu'une bise chargée d'aiguilles de glace me fouettait la tête.

C'étaient mes cheveux qui se dressaient. Pour un coup d'essai, l'onpardonnera mon épouvante, j'avais à peine vingt ans.

Ce qui me terrifiait surtout, c'est que dans la lueur vague flottant surce corps, je venais d'apercevoir un oeil immobile, vitreux, sinistre,attaché sur moi.

...

BU KİTABI OKUMAK İÇİN ÜYE OLUN VEYA GİRİŞ YAPIN!


Sitemize Üyelik ÜCRETSİZDİR!