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HISTOIRE DE FRANCE

PAR

J. MICHELET

NOUVELLE ÉDITION, REVUE ET AUGMENTÉE

TOME SIXIÈME

PARIS
LIBRAIRIE INTERNATIONALE
A. LACROIX & Cie, ÉDITEURS
13, rue du Faubourg-Montmartre, 13

1876
Tous droits de traduction et de reproduction réservés.

(p. 1) LIVRE IX

CHAPITRE PREMIER
L'ANGLETERRE: L'ÉTAT, L'ÉGLISE.—AZINCOURT.
1414-1415

Pour comprendre le terrible événement que nous devons raconter,—lacaptivité, non du roi, mais du royaume même, la Franceprisonnière,—il y a un fait essentiel qu'il ne faut pas perdre devue:

En France, les deux autorités, l'Église et l'État, étaient diviséesentre elles, et chacune d'elles en soi;

En Angleterre, l'État et l'Église établie, étaient parvenus, sous lamaison de Lancastre, à la plus complète union.

(p. 2) Édouard III avait eu l'Église contre lui, et malgré sesvictoires, il avait échoué. Henri V eut l'Église pour lui, et ilréussit, il devint roi de France[1].

Cette cause n'est pas la seule, mais c'est la principale, et la moinsremarquée.

L'Église étant le plus grand propriétaire de l'Angleterre, y avaitaussi la plus grande influence. Au moment où la propriété et laroyauté se trouvèrent d'accord, celle-ci acquit une forceirrésistible; elle ne vainquit pas seulement, elle conquit.

L'Église avait besoin de la royauté. Ses prodigieuses richesses lamettaient en péril. Elle avait absorbé la meilleure partie des terres;sans parler d'une foule de propriétés et de revenus divers, desfondations pieuses, des dîmes, etc., sur les cinquante-trois millefiefs de chevaliers qui existaient en Angleterre, elle en possédaitvingt-huit mille[2]. Cette grande propriété était sans cesseattaquée au Parlement, et elle n'y était pas représentée, défendue enproportion de son importance; les membres du clergé n'y étaient plusappelés que: ad consentiendum[3].

(p. 3) La royauté, de son côté, ne pouvait se passer de l'appui dugrand propriétaire du royaume, je veux dire du clergé. Elle avaitbesoin de son influence, encore plus que de son argent. C'est ce quene sentirent ni Édouard Ier ni Édouard III, qui toujours levexèrent pour de petites questions de subsides. C'est ce que sentitadmirablement la maison de Lancastre, qui, à son avénement, déclaraqu'elle ne demandait à l'Église «que ses prières[4]

L'on comprend combien la royauté et la propriété ecclésiastiqueavaient besoin de s'entendre, si l'on se rappelle que l'édifice toutartificiel de l'Angleterre au moyen âge a porté sur deux fictions: unroi infaillible et inviolable[5], que l'on jugeait pourtant de deuxrègnes en deux règnes; d'autre part, une Église non moins inviolable,qui, au

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