OU
Étrennes Gaillardes
Recueil de Contes en vers, réimprimé sur l'édition de 1782.
PARIS
Isidore LISEUX, Éditeur
Quai Malaquais, no 5
1883
Tiré
à cent cinquante exemplaires numérotés
No 10
On ne s'attend pas à de longues recherches bibliographiquessur ce léger recueil de gaietés:ce serait faire trop d'honneur à un petit vagabond,sans feu ni lieu, et sans histoire. Tout ce que nousen savons, c'est que d'abord mis au monde, en1781 ou 1782, sous le titre de Petit-Neveu deGrécourt… à Gibraltar, chez les Moines, ila été vite adopté par Cazin, qui en a donné deuxéditions, avec un titre nouveau: Étrennes gaillardes,dédiées à ma commère… à Lampsaque,de l'imprimerie du Dieu des Jardins,1782 et 1784. Voilà donc, à bien compter, troiséditions, lesquelles doivent se valoir, vu le mériteà peu près égal des imprimeurs: le Dieu desJardins, au XVIIIe siècle,n'avait sûrement pas deplus dignes émules que les Moines, de Gibraltarou d'ailleurs.
Maintenant, qui a composé ce volume? Unhomme de goût, évidemment. On a pensé que cepouvait bien être Félix Nogaret, à cause des initialesY X, dont signe l'éditeur; mais ce n'est là,qu'une supposition fort aventurée. Nogaret avait lebonheur de posséder un X dans son prénom:d'accord; mais tous les anonymes n'ont-ils pas lemême droit à l'X? Et quant au goût de FélixNogaret, qui passe avec plus de raison pouravoir fait les insipides huitains de l'ArétinFrançais, n'est-il pas trop douteux pour justifierl'attribution?
La chose, en somme, est de minime importance.Quel que soit l'Amateur qui a recueilli cesbluettes, acceptons-les pour elles-mêmes et ne leurdemandons pas plus qu'elles ne peuvent tenir. Ellesont été glanées un peu partout: cependant, lamajeure partie n'en est guère connue; elles sontlestes, court-vêtues, provocantes, et si elles donnentau Lecteur une heure ou deux d'amusement, nousaurions grand tort de regretter les quelques feuillesde joli papier que nous avons sacrifiées pour cettemodeste édition.
I. L.
Paris, le 20 Juillet 1883.
Ce n'est pas une Épître dédicatoire que jevous adresse, c'est une simple Lettre queje vous écris; n'y cherchez donc ni tournuresdélicates, ni périphrases ingénieuses, ni tout cequi sent l'Auteur. Je ne le suis pas, Dieu merci:je ne suis qu'un Éditeur gai et gaillard; j'aiconsacré quinze ou vingt jours, plus ou moins,à rassembler des Contes joyeux, pour vous rendreune fois le plaisir que vous m'avez donnémille. De toutes les Francomtoises qui embellissentet récréent la Capitale, vous êtes sanscontredit la plus aimable: votre taille est svelte,vos yeux sont noirs et vifs, vos genoux charnuset ronds, vos mains potelées, vos jouesparées des plus belles couleurs; enfin vous êtesà trente ans ce qu'une autre femme est à vingt.Vous croyez peut-être, ma chère Commère,que ma franchise ordinaire a fait place au toncomplimenteur, détrompez-vous: tel je suis enparlant, tel en écrivant, et je vais vous répéterce que je vous ai dit vingt fois sans que votreamour-pr