L'Illustration, No. 3263, 9 Septembre 1905


(Agrandissement)

Ce numéro contient une gravure hors texte: la Mer.


UNE NOCE AU DAHOMEY EN 1905
D'après une photographie duR, P. Chautard, communiquée par les Missions catholiques de Lyon.
--Voirl'article, page 176.


COURRIER DE PARIS

Journal d'une étrangère

Ce n'est pas la rentrée... mais déjà quelque chose qui ressemble aucommencement d'une fin de vacances. Des fiacres chargés de mallestraversent Paris; des volets clos depuis deux mois se rouvrent auxfaçades des maisons, et les cabarets du boulevard s'animent d'unva-et-vient de dîneurs affairés. On ne se réinstalle pas encore; onpasse... On revient de la ville d'eaux où l'on a fait ses vingt et unjours de cure; de la plage ou de la montagne où il fait un peu froid etoù la nuit commence à tomber plus tôt qu'on ne voudrait; et l'on repartpour la chasse, ou bien on va prendre pour un mois encore--jusqu'à larentrée des classes--un reste de vacances en banlieue, dans la maison decampagne provisoirement désertée, et d'où l'on ressentira tout de mêmetant de joie à décamper définitivement aux premiers brouillardsd'octobre...

Et l'on cause; on échange de rapides impressions sur les événements desdernières semaines: le krach des sucres, l'équipée de Gallay, la paixsignée... La paix! C'est la grande nouvelle dont tout le mondes'entretient avec joie. Elle m'a délicieusement surprise, à mon retourde voyage, et j'en ai ressenti d'abord comme un allégement,--le bonheurde se réveiller au milieu d'un cauchemar qui faisait mal. Et puis cebonheur s'est obscurci de visions tristes, et maintenant j'enrage. Je nepense plus aux milliers de jeunes hommes dont l'accord des diplomatesvient de décréter le salut, et qui vivront; ni aux milliers de mèresqui, depuis huit jours, songent: «Je reverrai mon fils»... Je pense auxautres qui ne reviendront pas; et surtout aux malchanceux, aux victimesde la dernière heure, que les balles, la mitraille et les baïonnettesfauchèrent un peu partout, depuis cinq mois, dans les steppes deMandchourie,--et sans gloire, en d'obscurs petits combats dontl'Histoire ne retiendra même pas les noms. Ceux d'avant furent deshéros. Ils tombèrent en des luttes épiques et desquelles le sort deleurs patries allait dépendre; ils eurent le sentiment qu'ils mouraientpour quelque chose. Mais ceux d'après? Voilà plusieurs mois quecette guerre était interrompue et que nous en guettions la fin. Mais uneinterruption de guerre n'empêche point que des avant-gardes, la nuit, nese heurtent, qu'un piège ne soit tendu à une troupe en marche, qu'unesentinelle n'envoie, pour se distraire, une balle au soldat ennemi quipasse; qu'on ne s'égorge ou qu'on ne se fusille par «petits paquets»,sans haine, au hasard des rencontres; non parce que la consigne est dese battre, mais parce que celle de ne se battre plus n'est pas donnéeencore. On s'occupe, on s'entretient la main; et, tandis quepaisiblement les diplomates font leurs malles, prennent contact,s'offrent des cigarettes, négocient, là-bas des enfants qui ont desmères continuent de s'entre-tuer sans savoir pourquoi, en attendant queles diplomates aient fini leurs cigarettes et que s

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