ÉTUDES
BAUDELAIRE, PAUL CLAUDEL, ANDRÉ GIDE,
RAMEAU, BACH, FRANCK, WAGNER,
MOUSSORGSKY, DEBUSSY,
INGRES, CÉZANNE,
GAUGUIN.
nrf
ÉDITIONS DE LA
NOUVELLE REVUE FRANÇAISE
MARCEL RIVIÈRE & Cie
31, RUE JACOB, PARIS
1911
à mon frère Henri Alain-Fournier
[Pg 6]IL A ÉTÉ TIRÉ A PART15 EXEMPLAIRES SUR VERGÉD'ARCHES NUMÉROTÉS A LAPRESSE
Il est au milieu de nous. Il ne se retire pas dansles solitudes pour en revenir poète et prophète. Ilne va pas demander à la nature de le rendre divin.—Maisil est avec nous. Je l'aperçois dans la rue:il est préoccupé de ses dettes, il marche tout encalculant. Il est en train de fonder des espérancessur des articles dont le prix l'aidera à se libérer.Ou bien peut-être il médite quelque plaisanterieà l'adresse de cet ami qu'il va voir. Ou bien encoreil travaille mentalement un poème, il arrange desmots qui ne vont pas bien ensemble.—Peut-être,à le fréquenter, n'eussé-je jamais connu de lui queses fantaisies et ses humeurs. Mais il avait uneâme. Il la portait parmi sa vie. Elle était présentequand survenait une souffrance ou quelquevolupté. Elle était prête à tout ressentir; non pasavec dilettantisme, mais comme une pauvre âmevéritable faite pour la peine et la besogne. L'âme,cette chose inconnue en nous, et qui nous épiedans toutes nos aventures! Rentré chez lui, il lalaissait se délivrer. Elle parlait sagement, elle[Pg 10]racontait ses épreuves sans déchaînement, sanséclat. Elle faisait son examen de conscience. Etvoici que ce n'est plus elle seulement qui s'accuse,mais mon âme aussi et la vôtre, que nous avonspourtant contenues si soigneusement, que nousne savions pas capables de toutes ces passions.
Poésie gouvernée
Et toujours