LA PSYCHOLOGIE
COMME SCIENCE NATURELLE
BRUXELLES
Typographie de M. Weissenbruch
IMPRIMEUR DU ROI
45, RUE DU POINÇON, 45
LA
PSYCHOLOGIE
COMME SCIENCE NATURELLE
SON PRÉSENT & SON AVENIR
APPLICATION
DE LA MÉTHODE EXPÉRIMENTALE
AUX PHÉNOMÈNES DE L'AME.
PARIS
LIBRAIRIE GERMER BAILLIÈRE & Cie
17, RUE DE L'ÉCOLE DE MÉDECINE
1876
«Connais-toi toi-même» avait dit le plus sage des oraclesau plus sage des hommes. En donnant à Socrate ce précepte,Apollon n'avait fait que traduire en formule le besoininstinctif qui, du premier jour où l'homme intelligent apparutsur cette terre, l'a poussé à s'étudier lui-même pour serendre compte de sa place dans l'univers.
Cette tâche quotidienne, l'humanité l'a accomplie jusqu'aujourd'huiavec une conscience de plus en plus sûre d'elle-même;dans ce siècle surtout, elle semble enfin avoir trouvéla véritable voie qui mène à la vérité. Dépassant de beaucoupla pensée socratique, l'homme ne se contente plus des'adresser à lui-même pour avoir l'explication de sa nature,mais il interroge les annales de son passé, en remontantaussi loin que possible dans la nuit des temps même préhistoriques,et, pour s'éclairer, il demande à l'univers, dont il faitpartie, les éléments qu'il recèle et qui peuvent conduire à lasolution du problème. Langues, mythologies, religions,mœurs, institutions politiques, littératures, législations,histoire; astronomie, géologie, physique, chimie; botanique,zoologie, anatomie humaine et comparée, physiologie,[Pg 6]embryogénie, nosologie: voilà le rapide aperçu de toutesles branches de l'activité humaine dont chacune tend à jeterun peu de lumière dans l'obscurité mystérieuse qui nousenveloppe.
La mise à contribution de toutes les sciences est évidemmentle seul moyen rationnel pour aboutir dans ces recherches;car, si elles partent toutes de l'homme, elles ont l'hommepour objet, et la connaissance de nous-mêmes ne peut progresserqu'avec la connaissance du monde qui nous entoure.
Cependant, aujourd'hui encore, peu de philosophes deprofession l'entendent de cette façon. Beaucoup s'en tiennentsouvent à l'empirisme, à la méthode pure et simple de l'observationextérieure, contre laquelle Socrate avait déjà réagi;d'autres, au contraire, interprétant dans un sens étroit lapensée de l'oracle, comme d'ailleurs Socrate aussi l'avait f