BRADA

MADAME D'ÉPONE

PARIS
LIBRAIRIE PLON
E. PLON, NOURRIT ET Cie, IMPRIMEURS-ÉDITEURS
RUE GARANCIÈRE, 10

Tous droits réservés

L'auteur et les éditeurs déclarent réserver leurs droits detraduction et de reproduction à l'étranger.

Ce volume a été déposé au ministère de l'intérieur (sectionde la librairie) en septembre 1889.

DU MÊME AUTEUR, A LA MÊME LIBRAIRIE :

Compromise. 1 volume3 fr. 50
Leurs Excellences. 1 volume3 fr.  »
Mylord et Mylady. 1 volume3 fr. 50

PARIS. TYP. DE E. PLON, NOURRIT ET Cie, RUE GARANCIÈRE, 8.

MADAME D'ÉPONE

CHAPITRE PREMIER

En descendant du train qui l'amenait de Paris,Mme d'Épone fut reçue par son gendre, sa fille etleur petite Sabine, manifestement heureux dela revoir. Il y eut entre les deux femmes une deces étreintes qui disent silencieusement la profondeurde la tendresse. Puis, avec une expressionde joie qui illuminait un visage encore superbementbeau à quarante-deux ans, Mme d'Époneregarda longuement sa fille et la trouva si embellie,si charmante, qu'elle tendit une secondefois la main à son gendre comme pour le remercier.Le bonheur de sa fille était son unique joie,son unique souci, sa seule raison de vivre. Dix-huitans auparavant, dans la fleur d'une triomphantejeunesse, elle avait été abandonnée parun mari qu'elle aimait aveuglément. Fière, peuexpansive, quoique passionnément tendre, Valentined'Épone n'avait pas su lutter contre les premierssymptômes qui auraient dû l'avertir queson mari aimait ailleurs ; elle continua d'accueillirsa rivale à son foyer, car il lui auraitsemblé insupportable d'accuser extérieurementune jalousie qu'elle trouvait au-dessous d'elle.Jamais elle ne fit de reproche, elle ne provoquaaucune explication, mais elle se vit de plus enplus délaissée. Elle se remettait à peine de lanaissance d'un fils qui ne vécut pas, que M. d'Éponequittait la maison conjugale, laissant derrièrelui une lettre polie dans laquelle il avouaitingénument aimer une autre femme ; il assuraitla sienne qu'elle trouverait sa fortune intacte, etfinissait en la priant aimablement de ne pas éleverleur fille à le détester ; il leur souhaitait à toutesdeux une vie heureuse, et c'était tout! Mme d'Époneaccepta ce coup en silence, tellement meurtrie,désillusionnée, anéantie dans toutes sescroyances, qu'elle eut à peine la force des larmes.Sa mère, Mme de Gosselies, se chargea depousser des cris et fit retentir l'air de ses clameursindignées contre son gendre et aussi contre safille, car elle n'admettait pas qu'une femme, et unefemme qui avait la chance d'avoir un visagecomme on n'en fait plus, se laissât abandonner. Legénéral de Gosselies, qu'elle avait épousé en secondesnoces, dut entendre du matin au soir ses litaniesdésolées sur la faiblesse de Valentine.

— Ma fille n'a pas de caractère. Sa résignation?Elle est jolie, sa résignation! C'est ce quilui faisait recevoir cette coquine qui venait luivoler son mari. On ne plante là que les femmesqui le permettent. Est-ce qu'on a jamais pensé àm'abandonner, moi? Je me flatte que non, et,cependant, je sais fort bien n'avoir pas le profilde ma fille. Et qu

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