LES GRANDS MUSÉES DU
MONDE ILLUSTRÉS EN COULEURS
Publié sous la direction de M. ARMAND DAYOT, Inspecteur général des Beaux-Arts
OUVRAGE ILLUSTRÉ DE 90 PLANCHES HORS TEXTE EN COULEURS
PIERRE LAFITTE & Cie
PARIS — 90, CHAMPS-ÉLYSÉES — PARIS
TOME DEUXIÈME
COPYRIGHT 1913
BY PIERRE LAFITTE & Cie.
Tous droits de reproduction et de
traduction réservés pour tous pays.
Louis XV
LE roi est représenté dans tout l’éclat de la jeunesse. QuentinLa Tour a rendu avec bonheur cette tête charmante et finequi faisait de Louis XV le plus beau gentilhomme de France.Le front, d’un dessin très pur, se développe entre les boucles d’uneperruque poudrée; sous des sourcils parfaits, les yeux bien ouvertsont de la finesse, de l’intelligence, de la bonté; le nez, un peu charnuà la base, accuse cette courbure caractéristique dans la famille desBourbons; l’incarnat des lèvres trahit la sensualité bien connue dumonarque; le menton assez allongé termine agréablement ce beauvisage et lui donne un grand air de distinction. Une fine cravate blancheenserre le cou. Le roi est revêtu d’une riche armure ornée de fleurs delis d’or et doublée de velours bleu; il porte en sautoir le grand cordonde l’ordre du Saint-Esprit, en moire bleue; sur la poitrine s’étale unautre cordon, écarlate celui-là, auquel est attaché l’ordre de la Toisond’Or. Sur l’épaule droite est négligemment jeté le grand manteau royalfleurdelisé et doublé d’hermine.
Ce portrait, comme tous ceux de La Tour, est d’une exécutionsupérieure et d’une intensité de vie étonnante. Tout le charme dumodèle est magnifiquement traduit dans la douceur caressante desyeux; c’est bien là le monarque aimable et joli qui, dans les premierstemps de son règne, mérita le beau titre de Bien-Aimé que lui avaitdonné son peuple. Et n’allez pas croire que le peintre a flatté sonmodèle; tous les portraits et toutes les gravures du temps attestent la9beauté un peu efféminée de Louis XV. Au surplus, Quentin La Tourn’avait rien d’un courtisan. Dans une précédente notice, on a pu voirqu’il mettait assez peu de bonne grâce dans ses rapports avecla Cour et que le roi lui-même n’échappait pas à ses boutades.Plusieurs fois, au cours des séances de pose, il