TABLE DES MATIÈRES

DE

L’ALLEMAGNE


(Autographe de Mᵐᵉ de Staël, communiqué par M. Charavay)


AUXERRE-PARIS.—IMPRIMERIE A. LANIER


Mᵐᵉ de STAËL


DE

L’Allemagne


TOME PREMIER



PARIS
ERNEST FLAMMARION, ÉDITEUR
26, RUE RACINE, 26
Tous Droits réservés
{1}

NOTICE SUR MADAME DE STAËL

Anne-Louise-Germaine Necker, née à Paris en 1766, étaitla fille du célèbre ministre français; sa mère douée d’uncaractère très ferme l’éleva sévèrement, et, jeune enfant,l’admit dans son salon à entendre les conversations sérieuseset instructives de gens tels que Buffon, Marmontel, Grimm, etc.

En 1785 elle avait épousé le baron de Staël-Holstein,diplomate suédois, qui devint ambassadeur à Paris, maiscette union ne fut pas heureuse.

Le début de Mᵐᵉ de Staël dans la littérature date de 1788par des Lettres sur J.-J. Rousseau, où elle montre un grandenthousiasme pour le philosophe genevois.

Lorsqu’éclata la Révolution, elle accepta d’abord les réformesavec admiration, mais bientôt son ardeur se refroidit,et elle présenta même un plan d’évasion des Tuileries. En1792 et l’année suivante, après la mort du roi, elle présentaau gouvernement révolutionnaire une défense en faveur deMarie-Antoinette. Après le 9 thermidor, elle publia une brochurequi fut remarquée: Réflexions sur la paix adressées àM. Pitt et aux Français. Sous le Directoire, elle exerça, parson salon et par ses écrits, une grande influence, soutint lesdirecteurs, et fit rentrer Talleyrand aux affaires. Elle étaitl’âme du Cercle constitutionnel dont Benjamin Constant étaitl’orateur. De bonne heure elle avait pressenti Bonaparte etson ambition, aussi le Premier Consul l’exila, en 1802, àquarante lieues de Paris; mais elle préféra se retirer enAllemagne, à Weimar, où elle connut Gœthe, Wieland etSchiller.

La mort de son père, pour qui elle professait un véritableculte, la rappela à Coppet en 1804. Pour se distraire de sadouleur, elle voyagea en Italie et y composa Corinne, son{2}célèbre roman. Cette œuvre indisposa vivement Napoléon, quien composa lui-même, dit-on, une critique insérée au Moniteur.Retournée en Allemagne en 1808, Mᵐᵉ de Staël mit ladernière main à son livre de l’Allemagne. Elle vint incognitoà Paris pour en surveiller l’impression; mais Fouché,le chef de la police, eut vent de l’affaire. Le livre fut livréau pilon et ne put être réimprimé qu’en 1814. Quant àMᵐᵉ de Staël, elle reçut l’ordre de quitter Paris dans lestrois jours. Le gouvernement impérial rendit la prison deCoppet de plus en plus étroite et eut soin d’en éloignertous les amis de Mᵐᵉ de Staël. Celle-ci réussit cependantà s’échapper en 1812. Dès lors elle habita successivementVienne, Moscou, Saint-Pétersbourg, la Suède et enfin Londres,suscitant partout la coalition contre Napoléon, et poursuivantla revendication d’une somme de deux millions due

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