LES TROIS
MOUSQUETAIRES
L’heure venue, on se rendit, avec les quatre laquais,derrière le Luxembourg, dans un enclos abandonné auxchèvres. Athos donna une pièce de monnaie au chevrier pourqu’il s’écartât. Les laquais furent chargés de faire sentinelle.
Bientôt une troupe silencieuse s’approcha du même enclos,y pénétra et joignit les mousquetaires; puis, selon les habitudesd’outre-mer, les présentations eurent lieu.
Les Anglais étaient tous gens de la plus haute qualité, lesnoms bizarres de leurs adversaires furent donc pour eux unsujet non seulement de surprise, mais encore d’inquiétude.
2—Mais avec tout cela, dit lord Winter quand les troisamis eurent été nommés, nous ne savons pas qui vous êtes,et nous ne nous battrons pas avec des noms pareils; ce sontdes noms de bergers, cela.
—Aussi, comme vous le supposez bien, milord, ce sont defaux noms, dit Athos.
—Ce qui ne nous donne qu’un plus grand désir de connaîtreles noms véritables, répondit l’Anglais.
—Vous avez bien joué contre nous sans savoir nos noms,dit Athos, à telles enseignes que vous nous avez gagné nosdeux chevaux?
—C’est vrai, mais nous ne risquions que nos pistoles; cettefois nous risquons notre sang: on joue avec tout le monde, onne se bat qu’avec des égaux.
—C’est juste, dit Athos.
Et il prit celui des quatre Anglais avec lequel