PIERRE MILLE

MONSIEUR BARBE-BLEUE…
ET MADAME

Le Livre
9, rue Coëtlogon, Paris
1922

Tous droits de traduction et d’adaptation réservés pour tous les pays,y compris la Scandinavie. Copyright by “LE LIVRE” 1922.

IL A ÉTÉ TIRÉ A PART DE CETOUVRAGE, LE PREMIER DE LA COLLECTION“LE LIVRE DE BIBLIOTHÈQUE” :10 EXEMPLAIRES SURJAPON DES MANUFACTURES IMPÉRIALES,NUMÉROTÉS DE 1 A 10 ;20 EXEMPLAIRES SUR CHINE, NUMÉROTÉSDE 11 A 30 ; 70 EXEMPLAIRESSUR HOLLANDE VAN GELDERZONEN, NUMÉROTÉS DE 31 A 100,ET 5 EXEMPLAIRES DE COLLABORATEURS,H.-C., SURJAPON DES MANUFACTURESIMPÉRIALES, NUMÉROTÉS DE I A V.

MONSIEUR BARBE-BLEUE… ET MADAME

Il y a quelques années, me conta monexcellent ami John Barnard Ashleigh,de Boston, nous avons eu aux États-Unisquelque chose qui ressemblait àvotre affaire Landru. Seulement, c’étaitmieux, plus large et plus original,comme il convient à l’Amérique.

Le Landru américain s’appelait Abraham Plattner.Il était, à Hootanooga (Connecticut), l’un des membresles plus fervents de la chapelle des Darbystes, et passaitpour faire honneur, par l’austérité et la profondeur deses convictions, à cette secte non-conformiste, donttous les adeptes se distinguent, d’ordinaire, par l’ardeurde leur foi. C’était un homme de taille moyenne, mêmeplutôt petite, mais grave, l’air ferme et doux, avec desyeux d’un éclat singulier qu’il tenait presque toujoursbaissés, et une belle barbe. En somme, vous le voyez,assez semblable à votre Landru. Il édifiait la congrégation.Les femmes surtout l’écoutaient avec une confiancepassionnée, mais il semblait demeurer indifférentà ces hommages muets et brûlants. Du reste, ilétait marié, père de famille.

Je n’insisterai pas sur les faits, pourtant essentiels,mais que les détails du procès sur lequel toute laFrance tient aujourd’hui ses regards vous ont rendusfamiliers, qui amenèrent son arrestation. Un certainM. Bullock, ne se pouvant consoler qu’une dame Beaumont,âgée d’une cinquantaine d’années, quoiqueagréable encore, eût brusquement cessé les relationsqu’elle entretenait avec lui, révéla qu’elle avait disparuaprès le dernier séjour fait par elle dans la villa Pick-me-up,louée à son nom, près d’Hootanooga, et où elles’était rendu en compagnie d’un autre gentleman,appelé Butler. Les recherches de la police dans cettevilla, pour l’heure abandonnée, firent découvrir diversobjets de toilette appartenant à Mme Beaumont. Lacheminée du fourneau de cuisine était imprégnéed’une suie très grasse ; enfin, les fouilles pratiquéesdans le jardin révélèrent la présence, au milieu decendres d’une origine indéterminable, d’une molaireaurifiée qui fut reconnue par un dentiste comme ayantbrillé dans la mâchoire de Daisy Beaumont, de plusieursfragments de crâne, et d’un assez grand nombre depetites vertèbres. Par un hasard exceptionnel, dont lajustice put se féliciter, tout en s’en inquiétant, neufde ces vertèbres étaient identiques, chacune d’ellesétant la septième de l’épine dorsale ; il en fallait conclureà l’incinération, donc à la mort, sans doute violente,de neuf personnes différentes.

Le prétendu Butler fut identifié avec AbrahamPlattner. Arrêté incontinent, l’on constata qu’il avaitpris bien d’autres noms : Coolidge, Wilson, Oakburn,et qu’il avait loué, à vingt milles d’Hootanooga, lajolie villa Resurrectio. Dans cet autre domicile furenttrouvés encore un assez grand nombre d’objets detoilette féminine, des

...

BU KİTABI OKUMAK İÇİN ÜYE OLUN VEYA GİRİŞ YAPIN!


Sitemize Üyelik ÜCRETSİZDİR!