L'Illustration, No. 3689, 8 Novembre 1913


(Agrandissement)

Ce numéro contient:
1° LA PETITE ILLUSTRATION,Série-Roman n° 18: Jean et Louise, par M. Antonin Dusserre;
2° UnSupplément économique et financier de deux pages.



Hassouna (Mme Suzanne Després). L'enseigne Merronay (M.R. Vincent). Le lieutenant de vaisseau Cadiere (M. Tarride).
UN CONFLITENTRE LA PASSION ET LE DEVOIR Au théâtre de la Renaissance: scène du 3eacte de «L'Occident» de M. Henry Kistemaeckers. Phot. A. Bert.--Voirl'article, page 360.



COURRIER DE PARIS

UN FILS DE LA MER BRETONNE

Il y a vingt-deux ans je passai un été à Roscoff. J'habitais, sur laplace, une maison appartenant à deux soeurs, deux vieilles filles, quiélevaient des pigeons. Elles leur donnaient à manger, à la main, dansune étroite cour à pots de fleurs dont elles avaient su faire unjardinet mystique. C 'étaient des femmes enfantines et pures, de laFrance d'autrefois. Ah! dites-moi?... vivez-vous toujours,mesdemoiselles? Portez-vous toujours vos petits bonnets du temps de lareine Anne? Racontez-vous toujours les mêmes histoires de famille? Queje le voudrais! Si oui, je vous souhaite traversée heureuse et longueencore comme on souhaite par habitude aux vieux marins, qui pourtantsont ancrés, une mer jolie... Et si vous n'êtes plus là... que couchéessous la dalle--ce qui se pourrait--car en vingt-deux ans, même à terre,l'on se perd corps et biens!... si vous n'êtes plus là je ne suis pasgêné de vos âmes... Sont en Paradis.

Des fenêtres de ma chambre je voyais l'église de pierre grave, l'églisetrapue, posée, enfoncée, enlisée dans le sol, avec cet air d'y avoiréchoué exprès, et avec cette apparence de solidité spéciale etimpressionnante qu'ont tous les sanctuaires bretons comme s'ilsvoulaient exprimer qu'ici plus qu'ailleurs leurs assises sontinébranlables, de matière granitique cimentée de foi.

Et je me souviens aussi--car c'est là que j'en voulais venir, par undétour un peu long et que l'on aura trouvé inutile, mais dont je n'aipas eu le courage de me priver--je me souviens qu'une de mesdistractions, à Roscoff, était d'aller au vivier.

Comme ce nom l'indique on appelait ainsi un endroit, situé aux bordsmêmes de la mer, près d'un petit fortin, et dont je ne savais de façontrès imparfaite que ce que j'en avais entendu dire... que l'on yconservait vivant du poisson... Mais pourquoi? Pour s'approvisionner?Dans un but scientifique? Je ne crois pas m'en être occupé jamais, niavoir été frappé là, dans mes visites, par la vue de poissonsexceptionnels... Mais ce qui m'est resté à fleur d'esprit, c'est larêverie où j'entrais alors, comme par compensation et regret, quand jequittais le vivier. En continuant ma promenade je supposais desquantités d'animaux aquatiques de forme et de beauté surprenantes,inconnues, pêchées dans les couches profondes, puis versées dans cesréservoirs de tout à 1 heure, et je me donnais en imagination lacuriosité, le pouvoir et la joie de faire vider ces bassins et d'en voirretirer, mêlées aux coquillages, aux herbes et aux plantes sous-marines,des es

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