Caritates patria una complectitur omnes.
Cic. de offic.
A TOULON
CHEZ LES PRINCIPAUX LIBRAIRES
1827.
Personne n'ignore que l'histoire de Provence présente encore biendes lacunes et laisse beaucoup à désirer, quoiqu'elle ait été écritepar plusieurs hommes aussi laborieux qu'érudits; mais il leur étaitimpossible, quelque peine qu'ils se donnassent, de débrouiller pareux-mêmes tout le chaos épouvantable qu'offrent dans cette contrée lessiècles anciens et ceux du moyen âge. Il aurait fallu à ces écrivainsqu'ils eussent été devancés par des historiens de chacun des pays dontils devaient réunir l'ensemble des événemens: car on ne peut avoir debonnes histoires générales, avant d'avoir des histoires particulièresécrites avec exactitude, et dont les documens aient été recueillisdans les archives de chaque ville et même de chaque bourg dont onveut faire l'histoire. Leur rapprochement donne alors à l'historienle moyen de distinguer le vrai du faux, et au lecteur la satisfactionde ne point voir omis les faits et les usages de son pays. Toutela Provence, ayant été, pendant de longs siècles, le théâtre desguerres les plus sanglantes, les monumens sont devenus fort rares, uneinfinité d'erreurs s'y sont mêlées, de sorte qu'avant d'en écrire mêmel'histoire particulière, pour ne point rompre le fil de la narration,nous pensons qu'il serait à propos de relever par des mémoiresisolés ces erreurs et de rétablir ainsi les événemens dans touteleur véracité. C'est le motif qui nous fait donner de la publicité àcette notice. Son titre ne semble annoncer qu'une aride dissertation,environnée des formes d'une austère dialectique; mais pour soutenirl'attention de l'esprit et satisfaire la curiosité du lecteur, nousavons parsemé nos preuves de faits qui pussent intéresser et faireoublier les froids raisonnemens de la controverse.
Nous avons été sobres de citations et de raisonnemens pour ne pasdonner trop d'étendue et trop d'importance à ce petit essai. Laconnaissance de ce mémoire et de ceux que nous pourrons publierencore est indispensable pour l'intelligence de l'histoire de Toulonque nous pourrions peut-être un jour nous déterminer à présenteraux vœux de tant de personnes qui désirent de connaître les mœurset les révolutions d'une cité qui joue depuis long-temps, parmi lesplus grandes villes de la France, un des premiers rôles sur la scènepolitique.
Nota. M. S. signifie manuscrit.
Une étude particulière et assez longue des Monumens relatifs àToulon m'avait fait soupçonner que cette ville pouvait bien avoirune très-haute antiquité, lorsqu'une notice insérée dans le journalintitulé l'Ami du Bien, ayant pour titre: Recherches sur l'Originede Toulon, vint tout-à-coup attaquer et combattre toutes mes idées.Il n'est assurément personne qui plus que moi, soit le sincèreappréciateur des talens et du mérite de M. P. Dans cet opuscule mêmequi n'est qu'une suite de conjectures, tout y semble si naturel qu'enlisant cet écrit on est néanmoins porté à partager l'opinion de sonauteur; aussi, soit par un