Au lecteur

ŒUVRES COMPLÈTES
DE
GUY DE MAUPASSANT


LA PRÉSENTE ÉDITION

DES

ŒUVRES COMPLÈTES DE GUY DE MAUPASSANT

A ÉTÉ TIRÉE

PAR L'IMPRIMERIE NATIONALE

EN VERTU D'UNE AUTORISATION

DE M. LE GARDE DES SCEAUX

EN DATE DU 30 JANVIER 1902.


IL A ÉTÉ TIRÉ À PART

100 EXEMPLAIRES SUR PAPIER DE LUXE

SAVOIR:

60 exemplaires (1 à 60) sur japon ancien.
20 exemplaires (61 à 80) sur japon impérial.
20 exemplaires (81 à 100) sur chine.


Le texte de ce volume
est conforme à celui de l'édition originale
: Mademoiselle Fifi
Bruxelles, Kistemaeckers, 1882,
complété par
Mademoiselle Fifi (nouveaux contes)
Paris, Victor Havard, 1883,
avec addition de
:
M. Jocaste (inédit).


ŒUVRES COMPLÈTES

DE

GUY  DE  MAUPASSANT


MADEMOISELLE FIFI


M. JOCASTE

PARIS

LOUIS CONARD, LIBRAIRE-ÉDITEUR

17, BOULEVARD DE LA MADELEINE, 17


MDCCCCVIII

Tous droits réservés.


TABLE DES MATIÈRES


3

MADEMOISELLE FIFI.

Le major, commandant prussien, comte de Farlsberg, achevait de lire soncourrier, le dos au fond d'un grand fauteuil de tapisserie et ses piedsbottés sur le marbre élégant de la cheminée, où ses éperons, depuistrois mois qu'ils occupaient le château d'Uville, avaient tracé deuxtrous profonds, fouillés un peu plus tous les jours.

Une tasse de café fumait sur un guéridon de marqueterie maculé par lesliqueurs, brûlé par les cigares, entaillé par le canif de l'officierconquérant qui, parfois, s'arrêtant d'aiguiser un crayon, traçait surle meuble gracieux des chiffres ou des dessins, à la fantaisie de sonrêve nonchalant.

4

Quand il eut achevé ses lettres et parcouru les journaux allemands queson vaguemestre venait de lui apporter, il se leva, et, après avoirjeté au feu trois ou quatre énormes morceaux de bois vert, car cesmessieurs abattaient peu à peu le parc pour se chauffer, il s'approchade la fenêtre.

La pluie tombait à flots; une pluie normande qu'on aurait dit jetée parune main furieuse, une pluie en biais, épaisse comme un rideau, formantune sorte de mur à raies obliques, une pluie cinglante, éclaboussante,noyant tout, une vraie pluie des environs de Rouen, ce pot de chambrede la France.

L'officier regarda longtemps les pelouses inondées, et, là-bas,l'Andelle gonflée qui débordait; et il tambourinait contre la vitreune valse du Rhin, quand un bruit le fit se retourner: c'était sonsecond, le baron de Kelweingstein, ayant le grade équivalent à celui decapitaine.

Le major était un géant, large d'épaules, orné d'une longue barbe enéven

...

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