CARDENIO

Scènes de la Vie Mexicaine

Par

GUSTAVE AIMARD

PARIS
ARTHÈME FAYARD, ÉDITEUR
18 ET 20, RUE DU SAINT-GOTHARD. 18 ET 20
1920

Table


CARDENIO

I

Où le lecteur fait connaissance avec l'abbé Paul-Michel Lamy,curé de Castroville, et avec son sacristain Frasquito d'Assis.

Le Texas, qui fait aujourd'hui partie de la Confédération desÉtats-Unis du Nord, auxquels il s'est librement donné après s'être, en1845, séparé du Mexique, est encore, à l'heure où nous écrivons cespages, une des contrées les moins connues de l'Amérique.

Son nom est indien; il signifie, dans la langue aztèque, lieu abondanten gibier. Hâtons-nous de constater que ce nom est mérité; peu de payspossèdent des chasses aussi riches.

Le Texas a environ 160.000 kilomètres carrés. Sa population est loinde répondre à son étendue, bien que; après son annexion au Mexique etles divers événements qui, depuis quelques années, ont fixé l'attentionsur ce pays, le nombre de ses habitants, sans parler, bien entendu,des Indiens comanches, apaches et autres nations indépendantes, qui nese sont jamais laissé compter par personne, ne s'élève pas à plus de600.000 âmes, si même elle atteint ce chiffre.

Voici la position exacte du Texas: il est borné au sud par le golfe duMexique; à l'est par la rivière Sabina, qui le sépare de la Louisiane;au nord par la rivière Rouge, l'Arkansas et le territoire indien; aunord-ouest par le nouveau Mexique et à l'ouest par le Río Grande,autrement nommé également Río Bravo Del Norte.

Si l'on s'en rapporte aux noms innombrables qui émaillent comme àplaisir les cartes géographiques, ce pays posséderait une quantitéconsidérable de villes riches et paissantes. Malheureusement lafiction, lorsqu'on visite ce pays, ne tarde pas à faire place à unetriste réalité, et l'on s'aperçoit promptement que, à part cinq ou sixvilles réellement dignes de ce nom, et appelées dans un avenir prochainà prendre un grand développement, toutes les autres ne sont que desmisérables agglomérations de chaumières branlantes, construites sansordre, sans goût, dans des positions souvent très mal choisies, sanscommunications entre elles, et qui, en France, ne passeraient même paspour de gros bourgs.

En somme, et quoi qu'il en soit, ce pays est un des plus beaux del'Amérique. La fertilité de son sol est extraordinaire, sa végétationd'une puissance incroyable; il est couvert de forêts admirables,composées des essences les plus remarquables, et lorsque ce pays seraassaini par les défrichements et une canalisation bien entendue, on yjouira d'un climat excessivement sain et presque tempéré sur les côtes,à cause des brises de mer.

Le 5 septembre 1846, c'est-à-dire un an environ après l'annexion duTexas aux États-Unis, pendant toute la journée la chaleur avait étéétouffante, l'atmosphère pesante et chargée d'électricité. Vers lesoir, le ciel avait pris une teinte cuivrée, et, bien qu'il n'y eût pasun souffle dans l'air, les arbres et les plantes semblaient agités defrissonnements incompréhensibles pour tout autre que pour un homme nédans le pays. Tout faisait prévoir un de ces ouragans soudains nomméscordonazos, qui s'élancent à l'improviste des montagnes Rocheuses et,en quelques heures, bouleversent, totalement la zone su

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