Note sur la transcription: Les erreurs clairement introduites par le typographe ont été corrigées.L'orthographe d'origine a été conservée et n'a pas été harmonisée.Les numéros des pages blanches n'ont pas été repris.
IMPRIMERIE DE MARCHAND DU BREUIL,
rue de la Harpe, n. 90.
CHRONIQUE
DU CRIME
ET
DE L'INNOCENCE;
Recueil des Événemens les plus tragiques; Empoisonnemens, Assassinats,Massacres, Parricides, et autres forfaits, commis en France, depuis lecommencement de la monarchie jusqu'à nos jours, disposés dans l'ordrechronologique, et extraits des anciennes Chroniques de l'Histoire généralede France, de l'Histoire particulière de chaque province, des différentesCollections des Causes célèbres, de la Gazette des Tribunaux, et autresfeuilles judiciaires.
Par J.-B. J. CHAMPAGNAC.
Tout ce qui me fait peur m'amuse au dernier point.
C. Delavigne, École des Vieillards.
Tome Quatrième.
Paris.
CHEZ MÉNARD, LIBRAIRE,
PLACE SORBONNE, No 3.
1833.
ENFANT RÉCLAMÉ PAR DEUX PÈRES.
Enlever un enfant à ses parens, le porterdans une famille étrangère qui le reçoitcomme s'il lui appartenait véritablement, etqui croit même le reconnaître; troubler tellementles idées de cette faible créature, qu'ilfinisse par ne pas savoir quels sont ceux àqui il doit le jour: telle est l'entreprise hardie,immorale et inhumaine, dont nous allonsrendre compte.
Déjà nos lecteurs connaissent l'histoire d'unenfant réclamé par deux mères. Ici ce sont2deux pères qui se disputent le même enfant.Cette différence n'est pas la seule qui distingueces deux faits bizarres et intéressans.
Michel Richer avait eu sept enfans de MargueriteLerouge, qu'il avait épousée en 1762.De ces sept enfans, il n'en restait plus quedeux au mois d'avril 1773, Pierre-François-Alexandreet Étiennette-Marguerite.
Pierre-François-Alexandre, né le 29 septembre1768, était infirme depuis sa naissance;il semblait ne vivre que pour souffrir:un sang impur circulait dans ses veines; deshumeurs scrofuleuses le minaient insensiblement,et souvent se manifestaient au dehorspar des plaies dégoûtantes. Tous les traitemensimaginables, tous les secours de l'artétaient impuissans; la guérison de cet enfantavait été jugée impossible.
Comme on craignait que cette affreuse maladiene se communiquât, le sieur Richer crutdevoir séparer ses deux enfans; il mit son petitmalade en pension à Vaugirard; mais,Étiennette-Marguerite étant morte quelquetemps après, Pierre-François-Alexandre revintà la