L'Illustration, No. 0014, 3 Juin 1843
Ab. pour Paris.--3 mois, 8 fr.--6 mois, 16 fr.--Un an, 30 fr. Prix de chaque Nº, 75 c.--La collection mensuelle br., 2 fr. 75. Nº 14. Vol. 1.--SAMEDI 3 JUIN 1843. Bureaux, rue de Seine, 33. Ab. pour les Dep.--3 mois, 9 fr.--6 mois, 17 fr.--Un an, 32 fr. pour l'étranger, 10 20 40.
Nécrologie. Lacroix. Portrait.--Courrier de Paris. Une scène del'Incendio di Babylonia.--Les Grandes Eaux de Versailles. Fontaine duPoint du Jour, bassin de Saturne, pièce du Dragon, char d'Apollon,l'avenue du Tapis vert.--La Cour du Grand-Duc, nouvelle par EugèneGuinot (première partie), avec une gravure.--Le Palais des Thermes,l'Hôtel de Cluny et la Collection Dusommerard. Plan du palais desThermes et de l'hôtel de Cluny. Quenouille de buis. Miroir de toilette.Couteau en Ivoire, Aiguière d'étain, Étrier de François Ier. Vue de laGalerie.--Académie des sciences 1. Sciences médicales--RevueAlgérienne. Port d'Alger, Colonisation de l'Algérie, Carte du Sahel, lePort, deux dessins des travaux du port, Razzia par des réguliersd'Abd-el-Kader,--Bulletin bibliographique. La Russie en1839. --Annonces. --Modes. Deux gravures. --Correspondance. --Amusements dessciences.--Rébus.
Lacroix.--Médaillon de David d'Angers.
Sylvestre-François Lacroix, l'un des hommes qui ont été le plus utiles àl'enseignement des sciences exactes en France, vient de mourir. Sesobsèques ont eu lieu samedi dernier. Des députations de l'Académie dessciences, dont il était membre, de la Faculté des sciences, dont il aété le doyen» du Collège de France, où il était encore professeurtitulaire, de l'École polytechnique, où il a enseigné l'analyseinfinitésimale, l'ont accompagné à sa dernière demeure.
Né à Paris en 1765, d'une famille pauvre, Lacroix trouva, à son débutdans la vie, des chagrins et des entraves qui l'auraient arrêtécomplètement s'il avait eu un caractère moins persévérant. Encoreenfant, accablé sous le poids d'une misère qu'il ne croyait pouvoirjamais surmonter, il conçut la singulière idée de se séquestrercomplètement d'une société dont la constitution semblait lui enlevertoutes chances d'avenir. A la lecture des Aventures de Robinson, ils'était épris d'un violent amour de la solitude, et il n'enviait plusd'autre sort que celui du héros de Daniel de Foe. S'embarquer, voguervers de lointains parages et vivre de son industrie, abandonné àsoi-même dans un des îlots déserts du grand Océan, tel était le rêve deLacroix. Dans ce but, il chercha à apprendre l'art de la navigation dansles livres; et ayant bientôt reconnu que l'art nautique est entièrementfondé sur l'application des sciences mathématiques, il se livra avecardeur à l'étude de celles-ci. Il y fit des progrès rapides. Mauduit,dont il suivait le cours au Collège de France, le remarqua parmi sesauditeurs, s'intéressa à lui et le recommanda vivement à quelquessavants, dont le crédit le fit nommer professeur des gardes de la marinede Rochefort, quoiqu'il n'eut alors que dix-sept ans. Quatre ans plustard, en 1786, Condorcet, l'un de ses protecteurs, l'appela à Pariscomme son suppléant au Lycée, que l'on venait de fonder, et quisubsiste encore aujourd'hui sous le nom d'Athénée royal. En 1787, lamême recommandation le fit nommer à l'École-Militaire. Cette même an