GILBERT DE VOISINS

LE
JOUR NAISSANT

Such work is done as a birdsings : for the love of the thing.

S. B.

PARIS
LES ÉDITIONS G. CRÈS & Cie
21, RUE HAUTEFEUILLE, 21

DU MÊME AUTEUR

  • La Petite Angoisse, roman.
  • Pour l'Amour du Laurier, roman.
  • Le Démon Secret, roman.
  • Sentiments, critique.
  • Les Moments perdus de John Shag.
  • Le Bar de la Fourche, roman.
  • L'Enfant qui prit peur, roman.
  • Ecrit en Chine.
  • Le Mirage, roman.
  • L'Esprit Impur, roman.
  • Fantasques, petits poèmes.
  • La Conscience dans le Mal, roman.

IL A ÉTÉ TIRÉ DE CET OUVRAGECENT VINGT-CINQ EXEMPLAIRESSUR VELIN PUR FIL LAFUMA,DONT VINGT-CINQ HORS COMMERCE,NUMÉROTÉS DE 1 A 100 ETDE 101 A 125

Tous droits de traduction, de reproduction et d'adaptationréservés pour tous pays.

Copyright by les Éditions G. Crès et Cie, 1923.

A MA FEMME

LE JOUR NAISSANT

CHAPITRE PREMIER
LE LYS

A peine l'aube commençait-elle de dissiper la nuit.Sur toute l'étendue des champs et des cultures, auxenvirons de Nazareth, l'ombre régnait encore, maisdans le ciel oriental, tout aux confins de la plaine,des lueurs bleuâtres et grises montaient, annonçant,timidement, un beau jour. Les astres paraissaientplus pâles ; une brise fraîche surgit, comme unsouffle de la terre dormante, qui dépouilla les oliviersde leur vêtement nocturne. Un coq chantaclair dans une ferme, au loin. D'autres coqs luirépondirent.

Soudain, vers le zénith, l'atmosphère à demiopaque de cette heure matinale se déchira sous letranchant d'un éclair et, bien que nul orage ne fûtvisible au-dessus de l'horizon, le tonnerre grondasourdement. Effrayés, les oiseaux se levèrent desarbres, des buissons, en une seule bouffée de plumes,voletèrent en piaillant, puis regagnèrent leurs nids.Des lièvres qui broutaient s'enfuirent ; les bêtes quifréquentent l'ombre se sentirent pénétrées d'unebrusque épouvante et des bœufs que l'on avaitlaissés aux champs tournèrent lentement leurs lourdestêtes pour reprendre ensuite le cours monotone d'unlong rêve. Ce fut tout. Déjà retombaient les tourbillonspoudreux qui s'étaient formés sur la route.

Contre son bas côté, près du fossé de droite, gisaitle corps d'un homme. Se trouvait-il là quelquesmoments plus tôt? On n'aurait su le dire. D'ailleurs,la nuit traînait encore ses derniers voiles dans cettepiste creuse que des arbres abritaient ; l'aube n'yjetait pas ses lueurs.

Un corps d'homme couché… cadavre ou corpsvivant? Il est vêtu de bleu comme le sont en ce paysles messagers. Est-ce un voyageur que la fatigue asurpris et qui sommeille? est-ce la victime d'uninsolent voleur de grand chemin? On assure pourtantque les derniers édits du Gouverneur ont, enJudée, beaucoup diminué le brigandage.


Et voici que paraît une lumière basse, discrète dansle demi-jour, le feu d'une lanterne, oscillant au rythmedu pas de celui qui la porte. Elle approche, petitpoint jaune, instable et mobile ; elle hésite, ellerepart ; enfin le voyageur fait halte et la souffle ; iln'en a plus besoin : les premiers ra

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