Note sur la transcription: Les erreurs clairement introduites par le typographe ont été corrigées.L'orthographe d'origine a été conservée et n'a pas été harmonisée.Les numéros des pages blanches n'ont pas été repris.

I

MÉMOIRES
DE
CÉLESTE MOGADOR

II

Paris.—IMP. DE LA LIBRAIRIE NOUVELLE.—Bourdilliat, 15, rue Breda.

III

MÉMOIRES
DE
CÉLESTE
MOGADOR


TOME TROISIÈME


PARIS
LIBRAIRIE NOUVELLE
BOULEVARD DES ITALIENS, 15
La traduction et la reproduction sont réservées.


1858


IV

1

MÉMOIRES
DE
CÉLESTE MOGADOR

XXV

VIVE LA RÉFORME!

Le lendemain en m'éveillant, j'allai voir Frisette;elle était heureuse de vivre, et ne voyaitpas tout en noir comme Victorine.

Il y avait beaucoup de monde dans la rue; onchuchotait. Je m'approchai de plusieurs groupeset j'écoutai, sans comprendre un mot à tout cequ'on disait. Je demandai à Frisette ce que celavoulait dire. Elle n'en savait rien.

2—Veux-tu venir nous promener? lui dis-je,nous apprendrons peut-être quelque chose...

—Je le veux bien, allons!

Arrivées au boulevard, la foule était plusgrande. Beaucoup de gens riaient; nous riionsaussi. Nous ne pouvions entendre, au milieu dubruit, que ces mots: La réforme!

J'arrêtai un jeune homme et lui demandai ceque cela voulait dire. Il me répondit d'un aird'importance:

—Nous voulons la réforme.

—Ah! et qu'est-ce que c'est que la réforme?

Il me regarda, haussa les épaules, et partitsans me répondre.

—Est-ce que je lui ai dit quelque chose de désagréable?dis-je à Frisette qui riait.

—Dame, tu ne sais pas ce que c'est que la réforme!...

—Et toi, le sais-tu?

—Non!

Nous nous trouvions boulevard Bonne-Nouvelle,devant le café de France. Beaucoup dejeunes gens étaient aux croisées. Quelques-unsnous reconnurent et se mirent à crier: «Vive Mogador!vive Frisette! vive la réforme et les joliesfemmes!»

Les curieux et les flâneurs se serrèrent autour 3de nous. Nous eûmes toutes les peines du mondeà échapper à la masse qui nous serrait. Je devinsfort pâle. L'insulte glissait en sifflant; l'air étaitchargé de menaces. J'eus le sentiment que quelquechose d'extraordinaire allait se passer. J'entraidans la maison no 5. Je connaissais Mme Emburgéà qui je demandai la permission d'attendrechez elle qu'il y eût moins de monde dehors.Elle nous ouvrit une fenêtre et nous vîmes défilerce flot noir émaillé de bleu qu'on appelle lepeuple. Il allait et grossissait comme un orage!Cela me rappela Lyon. J'eus peur! Cependant,comme tout le monde dîne, même ceux qui veulentfaire la guer

...

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