BERTRAND BAREILLES
1806–1811
RELATION
DE VOYAGE ET DE MISSION
DE
MOUHIB EFFENDI
AMBASSADEUR EXTRAORDINAIRE
DU SULTAN SELIM III
(D'après un manuscrit autographe.)
ÉDITIONS BOSSARD
43, RUE MADAME, 43PARIS
1920
DU MÊME AUTEUR
Les Turcs.—Ce que fut leur empire. Leurs Comédiespolitiques.1917. Librairie académique Perrin et Cie. Prix3.50
Constantinople.—Ses Cités Franques et Levantines (Péra,Galata, Banlieue). Avec une planche hors texte par EdgarChahine, 32 illustrations dans le texte par Adolphe Thierset un plan de Constantinople, 1918, Éditions Bossard.Prix9 »
Le Rapport secret sur le Congrès de Berlin adresséà la S. Porte par Carathéodory Pacha, premierplénipotentiaire ottoman, 1917, Éditions Bossard.Prix3.90
Copyright by Bertrand Bareilles, Paris, 1920.
UN DIPLOMATE TURC A PARIS
[1] Le titre d'effendi correspond à celui de monsieur. D'originebyzantine il signifie seigneur. Il a conservé cette acception pourdésigner les princes de la famille impériale. Ce titre a été longtempsl'apanage de quiconque en Turquie savait lire et écrire. C'était lecas des ulémas et des fonctionnaires de l'ordre sacré. On réservaitaux autres le titre d'aga qui ne se donne plus qu'aux eunuques.
A l'étalage d'un bouquiniste, au grand bazarde Stamboul, je découvris un jour un manuscritturc enfermé dans un étui de maroquin rouge,suivant l'usage du temps. Au dos, ce titre calligraphiéà l'encre de Chine: Relation d'un ambassadeurà Paris. C'est ainsi qu'il m'a été donné de faireconnaissance avec Seïd Abdurrahman Mouhibeffendi, nichandji[2] et envoyé extraordinaire àParis où il résida de 1806 à 1811. Les historiens lecitent à peine ou ne le nomment qu'en passant,ce qui pourrait donner lieu de croire que tout envoyéextraordinaire qu'il fut, il ne joua qu'un rôleeffacé. Tel cependant ne fut point le cas. Si l'onsonge, en effet, que ses négociations avec Talleyrandaboutirent à un traité d'alliance à la suiteduquel le général Sebastiani fut envoyé à Constantinople,et dont l'influence fut un instant prépondérantedans les conseils du Divan, on est obligéde reconnaître que la mission de Mouhib effendi aété l'une des plus importantes qu'ait jamais rempliesen France un ambassadeur turc. Il est non moinsimportant de signaler que c'était la premièrefois que le Divan maintenait aussi longtemps uneambassade en pays chrétien. Il inaugurait à cetteoccasion un système qui ne devint définitif que36 ans plus tard.
[2] Garde des sceaux.
Le manuscrit comprend deux parties. Dans lapremière l'auteur relate son voyage en France, dontil fait un naïf tableau qu'il trace en traits rapides,