PARIS—IMPRIMERIE DE PILLET FILS AINÉ
RUE DES GRANDS-AUGUSTINS, 5.
TOME II
Mémoires de deux jeunes mariées.—Une Fille d'Ève.
La Femme abandonnée.—La Grenadière.—Le Message.—Gobseck.
Autre Étude de Femme.
PARIS
Ve ALEXANDRE HOUSSIAUX, ÉDITEUR
RUE DU JARDINET SAINT-ANDRÉ DES ARTS, 3.
1869
PREMIER LIVRE,
SCÈNES DE LA VIE PRIVÉE.
A GEORGES SAND.
Ceci, cher Georges, ne saurait rien ajouter à l'éclat de votre nom,qui jettera son magique reflet sur ce livre; mais il n'y a là de mapart ni calcul, ni modestie. Je désire attester ainsi l'amitié vraiequi s'est continuée entre nous à travers nos voyages et nos absences,malgré nos travaux et les méchancetés du monde. Ce sentiment nes'altérera sans doute jamais. Le cortége de noms amis qui accompagnerames compositions mêle un plaisir aux peines que me cause leur nombre,car elles ne vont point sans douleur, à ne parler que des reprochesencourus par ma menaçante fécondité, comme si le monde qui pose devantmoi n'était pas plus fécond encore. Ne sera-ce pas beau, Georges, siquelque jour l'antiquaire des littératures détruites ne retrouve dansce cortége que de grands noms, de nobles cœurs, de saintes et puresamitiés, et les gloires de ce siècle? Ne puis-je me montrer plus fierde ce bonheur certain que de succès toujours contestables? Pour quivous connaît bien, n'est-ce pas un bonheur que de pouvoir se dire,comme je le fais ici,
Votre ami,
de Balzac.
Paris, juin 1840.
A MADEMOISELLE RENÉE DE MAUCOMBE.
Paris, septembre.
Ma chère biche, je suis dehors aussi, moi! Et si tu ne m'as pas écrità Blois, je suis aussi la première à notre joli rendez-vous de lacorrespondance. Relève tes beaux yeux noirs attachés sur ma premièrephrase, et garde ton exclamation pour la lettre où je te confieraimon premier amour. On parle toujours du premier amour