Au quartier-général à Passeriano, le 15 fructidor an 5(1er septembre 1797.)
Au directoire exécutif.
Les nouveaux entrepreneurs des hôpitaux, depuis troismois qu'ils doivent prendre leur service, ne sont pas encorearrivés: ce retard a tellement bouleversé ce service, malgréle soin qu'on y a apporté, que les malades s'en ressentent,et que le nombre des morts aux hôpitaux s'en accroîtra considérablement.
L'équipage d'artillerie a été formé avec beaucoup de peineet de soins; il est notre seul espoir si nous entrons en campagne,et est, aujourd'hui, fort de six mille chevaux. Il n'apas coûté un sou à l'entreprise Cerfbeer; au contraire, il doitlui en être revenu des pots de vin de la part de ses agens enItalie: nous avons tout acheté avec l'argent de la république.
Voilà déjà quinze jours que l'entreprise Cerfbeer a cessé,et qu'aucune autre ne la remplace. L'équipage d'artilleriepérit déjà si sensiblement, que nous avons pensé, l'ordonnateuret moi, devoir prendre des mesures promptes pour quece service n'éprouvât aucun choc, et que les hommes qui enont l'inspection dans ce moment-ci puissent nous en répondre.
L'ordonnateur en chef a passé, en conséquence, le marchéque je vous envoie, je vous prie de le ratifier: c'est le seulmoyen pour que nos six mille chevaux ne soient pas gaspillésen peu de temps, et que se service, si essentiel maintenant,ne soit pas entièrement bouleversé.
BONAPARTE.
Au quartier-général à Passeriano, le 17 fructidor an 5(3 septembre 1797.)
Au directoire exécutif.
J'ai l'honneur de vous communiquer la lettre que j'écrisau ministre des finances, je vous prie d'en prendre lecture.
Je désirerais même que vous la fissiez imprimer, afin quechacun connût quelle peut être la source de ces mille et unpropos qui se répandent dans le public, et dont on trouvel'origine dans les impostures de la trésorerie.
BONAPARTE.
Au quartier-général de Passeriano, le 17 fructidor an 5(3 septembre 1797).
Au citoyen Carnot.
Le ministre de la guerre me demande des renseignemenssur les opérations que l'on pourrait entreprendre si la guerrerecommençait. Je pense qu'il faudrait avoir sur le Rhin unearmée de douze mille hommes de cavalerie et quatre-vingtmille hommes d'infanterie; avoir un corps faisant le siége deManheim et masquant les quatre places fortes du Rhin; avoiren Italie quatre-vingt mille hommes d'infanterie et dix millede cavalerie.
La maison d'Autriche, prise entre ces deux feux, seraitperdue.
Elle ne peut pas nous nuire; car, avec une armée dequatre-vingt mille hommes on peut toujours avoir soixantemille hommes en ligne de bataille, et vingt mille en deçàen détachemens, pour se maintenir et rester maîtres de sesderrières.
Or, soixante-dix mille hommes en battent quatre-vingt-dixmille sans difficulté, à chance égale de bonheur.
Mais il faudrait que l'armée d'Italie eût quatre-vingt millehommes d'infanterie.
Il y a aujourd'hui trente-cinq mille hommes à l'armée d'Italieprésens sous les armes.
Dans ce cas, l'armée d'Italie ne sera donc, pour entreren Allemagne, que de soixante mille hommes d'infanterie;on aura huit mille Piémontais, deux mille Cisalpins; il luifaudrait encore dix mille Français.
Quant à la cavalerie, elle a six mille deux cents hommes.
Il lui fau